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La discothèque " quantifiait " ses clients noirs et maghrébins. Procès pour discrimination raciale

Mardi, 9 Janvier, 2001
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Hier soir, la gérante de la discothèque " Le Pacha ", de Juigné-sur-Loire, le responsable de la sécurité et le portier ont comparu pour discrimination raciale. Dans la nuit du 5 au 6 septembre 1998, ils avaient refusé l'accès à cinq jeunes Maghrébins.

  mardi 9 janvier 2001

 

 

 

Journal Ouest-France du mardi 9 janvier 2001
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La discothèque " quantifiait " ses clients noirs et maghrébins

Procès pour discrimination raciale


Convoqués à 14 h, les trois prévenus et les cinq plaignants ont quitté le palais de justice après 22 h. La justice a encore beaucoup de progrès à faire dans l'audiencement des procès, plus d'une dizaine d'affaires ayant précédé ce premier dossier pour discrimination raciale à Angers. " Tout le monde peut être refoulé à l'entrée d'une discothèque, les blacks, les blancs, les beurs mais tous ne le sont pas pour les mêmes raisons. " Les propos fermes du substitut Phélippeau ont tonné, hier soir, dans la salle d'audience du tribunal de grande instance. S'adressant aux trois prévenus, il a lancé : " Je ne reproche pas aux uns et aux autres d'être racistes mais d'avoir, d'après leurs comportements, pratiqué une discrimination raciale. " Et de requérir deux amendes de 20 000 F pour la gérante et le chef de la sécurité et 5 000 F pour le portier. " Il ne peut être toléré dans un Etat de droit, où l'égalité a une valeur constitutionnelle, que des quotas de Noirs, de Maghrébins et d'étrangers soient établis dans certains établissements. " 44 discothèques en flagrant délit Ce samedi soir, au " Pacha ", de Juigné-sur-Loire, cinq jeunes Maghrébins s'étaient vus refuser l'accès à la discothèque. " J'avais des ordres très stricts concernant l'entrée des personnes de couleur noire ou d'origine maghrébine. " A la barre, le portier a rappelé les consignes. " Pas de tenue négligée, survêtements ou baskets, pas de personnes éméchées et pas trop d'étrangers en groupe ! " A la question du président Fau : " Mais comment faisiez-vous pour distinguer un étranger ? " Le jeune portier, fils d'un Algérien, a admis, bien embarrassé, pour ne pas dire " selon la couleur de la peau ", qu'il se fiait à son " feeling ". Plus nuancés, la gérante et le responsable de la sécurité ont précisé qu'il s'agissait, ce soir-là, d'assurer la sécurité d'une discothèque bondée. Au nom de SOS Racisme, et en présence de son président national, Joseph Nzinda, Me Francis Terquem, du barreau de Paris, a dénoncé " la politique délibérée de discrimination raciale des syndicats de discothèques. " Auparavant, dans la salle des pas perdus, le vice-président de l'association, Samuel Thomas, avait témoigné de l'action du 16 mars 2000 où 88 discothèques avaient été testées et 44 prises en flagrant délit. Pour Me Bruno Hérissé, l'avocat des cinq jeunes : " Une seule raison au refoulement : leurs origines ! " Avec une certaine virulence, les trois avocats de la défense ont crié au complot. " C'est un coup monté ! La cassette vidéo de la discothèque montre parfaitement que ce soir-là, des jeunes Européens comme des jeunes de couleur, ont été refoulés indifféremment. " Délibéré au 12 février. Yves LAUNAY.

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