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Garnier (L'Oréal) et Adecco relaxés de l'accusation de discrimination

Jeudi, 1 Juin, 2006
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Samuel Thomas: "la consigne BBR signifiait pas d'étranger"

La justice a innocenté jeudi le fabricant de produits de beauté Garnier, appartenant au groupe L'Oréal, la société de travail temporaire Adecco et une de ses filiales, poursuivis pour discrimination raciale à l'embauche.

Garnier (L'Oréal) et Adecco relaxés de l'accusation de discrimination

 

 

 

 

 

 

 

20Minutes.fr avec AFP | 01.06.06 | 17h17

 

 

 

La justice a innocenté jeudi le fabricant de produits de beauté Garnier, appartenant au groupe L'Oréal, la société de travail temporaire Adecco et une de ses filiales, poursuivis pour discrimination raciale à l'embauche.

La 31e chambre correctionnelle de Paris a relaxé les trois sociétés, jugées en tant que personnes morales, ainsi que trois de leurs cadres. Tous étaient poursuivis pour "discrimination en raison de l'origine, de la nationalité ou de l'ethnie" et "refus d'embauche" lors d'opérations promotionnelles en 2000.

L'association SOS Racisme, partie civile à l'origine de la plainte, a annoncé immédiatement son intention de faire appel du jugement, qui a au contraire été salué par les sociétés poursuivies.

Le parquet avait requis "des peines d'amende de principe" contre tous les prévenus: les cadres encouraient trois ans d'emprisonnement et 45.000 euros d'amende et leurs sociétés 220.000 euros d'amende.

Les faits reprochés remontaient à 2000 et concernaient le recrutement d'animatrices pour des opérations de promotion de produits capillaires fabriqués par Garnier.

Districom, filiale d'Adecco chargée du recrutement, avait précisé dans un fax adressé à sa maison-mère que les animatrices devaient être "BBR" (bleu, blanc, rouge).

L'auteur de ce document interne avait expliqué à l'audience du 18 mai qu'il s'agissait d'une "initiative personnelle" mais avait réfuté le moindre racisme. Il s'agissait simplement d'une consigne pour recruter des personnes sachant "s'exprimer correctement" en français, avait expliqué cette directrice adjointe de Districom, Thérèse Coulange.

SOS Racisme avait au contraire fait venir à la barre des employés de Districom, selon lesquels "la consigne +BBR+ signifiait +pas d'étranger+". L'association avait également fait état de relevés statistiques montrant qu'entre deux opérations promotionnelles en mai et septembre 2000, le pourcentage d'animatrices "non BBR" était passé de 38,7% à 4,65%.

Dans sa décision, le tribunal a toutefois jugé que les faits de discrimination n'étaient pas établis.

"Aucune parmi les personnes entendues n'avait, en définitive, assisté personnellement à une sélection ayant pu être discriminatoire" et "les poursuites ont été engagées à partir de suppositions et d'approximations ne pouvant caractériser l'élément matériel devant soutenir la culpabilité des prévenus", ont estimé les juges de la 31e chambre.

L'avocat de SOS Racisme, Me Dominique Tricaud, a déploré "un double discours de plus en plus lourd, celui du président de la République qui fait de la lutte contre les discriminations une priorité et celui du parquet, qui soutient l'accusation comme la corde soutient le pendu".

Le vice-président de SOS Racisme, Samuel Thomas, a dénoncé une décision "inique" et "extrêmement inquiétante qui engendre le désespoir par rapport à la justice".

Me Jean Veil, avocat de Garnier, s'est au contraire réjoui que "le droit (ait) rejoint le bon sens". Dans un communiqué, le groupe L'Oréal a estimé s'être "trouvé injustement impliqué dans ce procès" et rappelé qu'il "agit depuis de nombreuses années en faveur de la diversité et contre toute forme de discrimination".

 

© 2006 AFP

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