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L'ANPE face à un défi impossible

Mercredi, 9 Novembre, 2005
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Recevoir les jeunes des zones sensibles dans les trois mois et leur proposer un stage ou une formation, c'est ce qu'a demandé le gouvernement à l'Agence nationale pour l'emploi.

L'ANPE face à un défi impossible

L'ANPE, pressée de proposer au plus vite « un contrat, un stage ou une formation » à chaque jeune des quartiers sensibles, risque d'avoir du mal à remplir sa mission auprès de jeunes confrontés à la discrimination et au manque d'emplois dans leurs cités. Le Premier ministre a demandé à l'ANPE, aux missions locales et maisons de l'emploi de recevoir « dans les trois mois » les jeunes de moins de 25 ans issus des 750 zones urbaines sensibles (ZUS), « inscrits ou non au chômage », pour leur trouver une « solution spécifique : contrat, stage ou formation ». Parmi eux, environ 70.000 sont inscrits à l'ANPE, selon un récent rapport de l'Observatoire national des zones urbaines sensibles.

Ceux qui sont au chômage depuis plus d'un an ont déjà été reçus cet été, parmi les 57.000 jeunes que l'Agence avait pour mission de recevoir entre juillet et septembre.

Un nouvel entretien rapproché dans le temps sera positif, estime un responsable syndical de l'ANPE, Noël Daucé (SNU). « Il faut voir les jeunes le plus souvent possible, c'est une population très volatile », dit-il.

Les jeunes diplômés seront convoqués par les Agences pour l'emploi, les autres essentiellement par les missions locales dont l'objectif est de favoriser l'insertion sociale et professionnelle des 16-25 ans.

« Faux espoirs »

Mais le plus difficile sera de toucher les jeunes sortis du système scolaire, sans emploi, mais qui ne se sont jamais rendus à l'ANPE ou une mission locale, par ignorance ou conviction que cela ne sert à rien. Ce sont eux pourtant, difficiles à repérer et à contacter, qui sont le plus en difficulté et le plus éloignés de l'emploi ou de la formation professionnelle. Le ministre du Travail, Gérard Larcher, suggère de croiser les fichiers des caisses d'allocations familiales, des collèges et des communes pour retrouver leur trace.

« Recevoir les jeunes, c'est bien, mais pour leur dire quoi ? », interroge cependant Noël Daucé, qui craint de « créer de faux espoirs et des frustrations, déjà à un niveau très élevé dans les cités ». Que proposer aux jeunes dans les trois mois qui viennent, dit-il, alors que les emplois manquent cruellement dans ces quartiers et que discrimination raciale et stigmatisation des cités bloquent les CV que les jeunes envoient aux entreprises pour des stages ou des emplois.

Dans les ZUS, le chômage est le double de la moyenne nationale, atteignant dans certains quartiers, jusqu'à 36 % de jeunes garçons et 40 % de filles de moins de 25 ans, selon l'Obervatoire des zones urbaines sensibles.

M. Daucé souligne aussi la difficulté de trouver des formations pour ceux qui sont hors du circuit de l'assurance-chômage, « quand on voit que, pour un stage de plomberie, il faut attendre deux ans ».

« Il faut que les jeunes sentent qu'il est utile d'aller à la mission locale, qu'il y trouvera un vrai service, sinon il ne reviendra pas », affirme aussi Samuel Thomas, vice-président de SOS-Racisme, « que peuvent faire ces missions quand trois personnes ont en charge jusqu'à mille jeunes ? ». « Un entretien ne sert à rien », dit-il, prônant « un vrai suivi et un accompagnement dans la durée, et la création de passerelles entre les jeunes et les entreprises qui refusent, souvent par peur et méconnaissance, les candidatures venues des banlieues ».


Que peut proposer l’ANPE dans les trois mois qui viennent, alors que les emplois manquent cruellement ? Photo AFP

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