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Une entreprise au tribunal pour "fichage ethnique"

Vendredi, 23 Novembre, 2007
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Une entreprise spécialisée dans la promotion commerciale située en région parisienne fichait ses salariés selon leur origine ethnique. Les anciens dirigeants vont être jugés à partir de lundi. Une première en France.

vendredi 23 novembre 2007 (14h03) :
Une entreprise au tribunal pour "fichage ethnique"
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de Lernould Sebastien

Une entreprise spécialisée dans la promotion commerciale située en région parisienne fichait ses salariés selon leur origine ethnique. Les anciens dirigeants vont être jugés à partir de lundi. Une première en France.

SI LES FAITS reprochés sont avérés, le jugement devrait faire jurisprudence. Daytona, une entreprise spécialisée au moment des faits dans la promotion commerciale, et deux de ses anciens cadres dirigeants vont comparaître lundi devant le tribunal correctionnel de Nanterre. Ils sont soupçonnés d’avoir classé, jusqu’en décembre 2002, les centaines de vendeurs qu’ils employaient en fonction de leur origine ethnique.

Une plainte pour discrimination raciale a également été déposée.

Les affaires de discrimination à l’embauche ne sont pas nouvelles. En juillet, Adecco et L’Oréal ont été condamnés en appel à 30 000 € d’amende chacun pour des faits similaires. « Mais c’est la première fois qu’un cas de fichage ethnique des salariés est jugé », assure Samuel Thomas, vice-président de SOS Racisme, dont l’association s’est portée partie civile.

La direction actuelle condamne ces pratiques

L’affaire démarre en novembre 2002. A l’époque, l’entreprise - dont la direction a changé depuis - embauche des « hôtesses de vente » et des animateurs commerciaux chargés de faire la promotion de produits divers. Un salarié, Karim D., chargé par la direction des ressources humaines d’alimenter une base de données informatique, témoigne : « Il y avait une nomenclature bien précise. S pour sexe, par exemple. Je vois une colonne avec la marque "O = région". La directrice des ressources humaines m’explique que O signifie origine. Région était là officiellement pour indiquer d’où ils venaient en France. En réalité, je devais indiquer leur origine ethnique », confie-t-il. Dans cette colonne, le chiffre 1 est inscrit quand le nom est à consonance européenne. Le chiffre 2 correspond aux noms à consonance maghrébine. Le chiffre 3 pour ceux d’origine africaine, et le chiffre 4 pour les travailleurs asiatiques.

En fonction de leur origine, les vendeurs étaient chargées de promouvoir des produits différents, le haut de gamme étant plutôt réservé aux Européens. De plus, un document interne précisait le profil type des hôtesses recrutées de manière permanente par l’entreprise. Elles devaient être, entre autres critères, de « nationalité française et pure white ». L’inspection du travail, dans un rapport de juillet 2005, affirme que « les documents litigieux ne sauraient être valablement contestés ».

Interrogée, la direction actuelle « condamne fermement ces pratiques ». « Ni moi ni aucun salarié n’étions dans l’entreprise à l’époque, précise le président Eric Grasland. Daytona a changé de dirigeants, d’équipes et de métier. Nous n’avons absolument rien à cacher. Nos fichiers du personnel sont ouverts à quiconque veut le vérifier. »

Le Parisien du 23 novembre 2007

http://www.leparisien.fr

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