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Appels au viol sur Twitter après la manif anti-FN : une plainte déposée

Jeudi, 19 Septembre, 2013
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Parce qu’elle relayait la manif anti-FN à Marseille, une militante du Parti de Gauche, a été la cible de « tweets » violents. Un appel contre les « fachos, machos » est lancé.

Le week-end dernier se tenait à Marseille l’université d’été du Front national. Le samedi, un rassemblement était également organisé pour protester contre la tenue de cet évènement.

J., une jeune internaute membre du Parti de Gauche a, comme il se doit, relayé la mobilisation dès le vendredi. Très vite, elle a été la cible d’une campagne incitant à la harceler sur Twitter : plusieurs centaines de « tweets » émanant de militants d’extrême droite ont alors appelé à la violer.

« Terminus #Auschwitz »

Capture d’écran d’un tweet : « Allez hop, direction chez les #Femen puis terminus #Auschwizt [sic]. »

Extraits :

  • @WalterKruger88 : « Toi, la suceuse de bougnoules, tu feras partie du voyage, on y veillera. » (Le 15 septembre à 12 heures.)
  • @poissonbass : « C’est où qu’on s’inscrit pour le viol collectif de [J.] ? » (Le 16 septembre, à 9h31.)
  • « Allez hop, direction chez les #Femen puis terminus #Auschwitz. » (Le 16 septembre à 15h27.)

Capture d’écran d’un tweet : « Elle mérite une belle tournante sans GHB »

Plainte déposée contre X

Les menaces de plus en plus violentes, racistes et sexistes ont ensuite été dirigées contre une blogueuse antiraciste et un simple sympathisant au « prénom juif » venus à son aide sur les réseaux sociaux.

Ce jeudi après-midi, Samuel Thomas, représentant de la Fédération nationale des maisons de potes, a déposé plainte contre X auprès du procureur de la république de Paris pour « provocation à commettre un crime [le viol est un crime, ndlr], et/ou de provocation à la discrimination, à la haine et à la violence envers un groupe de personnes en raison de leur appartenance à une ethnie ».

Pour comprendre la teneur de la plainte il faut en passer par les tweets visant l’amie blogueuse et le sympathisant au prénom juif :

  • @poissonbass : « Encore une beurette au service du sionisme, quand on vous trouve pas dans les caves des cités. » (Le 15 septembre, à 12h35.)
  • « Pour une vraie Laïcité il faut détruire le Judaïsme qui est un poison à notre République, brûlons les synagogues ! ! » (Le 15 septembre, à 18h34.)
  • @WalterKruger88 : « Encore une male baisée, frustrée, arrogante et méprisante Demandons à Taubira l’islamophile le droit à la lapidation ! » (Le 16 septembre à 11h50.)

Dans la matinée, Samuel Thomas a été reçu par un conseiller de Christiane Taubira à la Chancellerie, où on lui a affirmé que depuis l’affaire « #UnBonJuif », « Twitter s’était engagé à fournir à la justice les adresses permettant d’identifier des auteurs de tweets tombant sous le coup de la loi ».

Mais en l’état actuel des choses, pourtant, cet engagement de Twitter ne concerne que la procédure engagée par l’Union des étudiants juifs de France (UEJF).

« La police ne viendra jamais chez vous »

Pour les militants associatifs, c’est au ministère de l’Intérieur, et non à eux, de poursuivre les auteurs de ces tweets. Samuel Thomas, cible de ces activistes depuis trente ans, est bien certain qu’il ne s’agit pas d’attaques spontanées de personnes « se découvrant un beau matin racistes ou d’extrême droite » :

« Elles proviennent des cyberactivistes antisémites et néonazis actifs sur des sites connus, publiant en français. »

Selon lui, ils forment un petit milieu actif.

Dans une lettre à Manuel Valls, qu’il nous a montrée, il dresse la liste des sites sur lesquels il les a repérés :

  • Herveryssen.over-blog.com ;
  • BoulevardHitler.com ;
  • BVoltaire.fr ;
  • AryanSisterHood.wordpress.com ;
  • Breizatao.com ;
  • Propagandes.info.

Et au téléphone, il accuse le ministère de l’Intérieur et les services de police de ne porter aucune attention à ces affaires :

« Pour eux, la solution, c’est d’effacer ces messages. Donc on peut tout dire sur les réseaux sociaux, appeler à la solution finale, on ne risque rien, la police ne viendra jamais frapper chez vous. Faites la même chose avec un tweet incitant à la pédophilie, et vous risquerez d’avoir des ennuis. »

« Bougnoulisme mental »

Dans la lettre postée ce jeudi après-midi, il écrit :

« Ces sites, tous rédigés en langue française, diffusent des messages clairement antisémites, racistes. Il convient à cet égard de citer certaines catégories d’articles disponibles sur le site BoulevardHitler.com, dont les intitulés sont “ Bougnoulisme mental ” ou encore “ Pourriture juive ”…

Les administrateurs de ces sites, bien que souvent hébergés à l’étranger, postent leurs publications et autres commentaires sur le territoire français. Au cours des dernières années, les ministères de l’Intérieur et de la Justice ont montré leurs capacités à réaliser ce travail d’investigation lorsqu’il s’agissait de poursuivre les auteurs de publications à caractère pédophile ou faisant la promotion de la vente et de la consommation de drogue sur Internet.

Ce même travail doit être mené contre les publications à caractère raciste et antisémite sur Internet, et ce malgré la réticence de Twitter de se conformer à l’ordonnance de référé du 24 janvier 2013 lui enjoignant de communiquer les données d’identification de l’auteur de tweets antisémites et de mettre en place un dispositif de signalement de contenus illicites. »

« Fachos, machos : hors de nos murs ! »

Au niveau politique, un appel intitulé « Fachos, machos : hors de nos murs ! » signé notamment par la Maison des potes, le collectif féministe contre le viol, la fondation Copernic, l’union syndicale Solidaires ou le Nouveau Parti anticapitaliste a été lancé auprès du ministre de la Justice et de l’Intérieur pour que « les auteurs de tweets à caractère sexiste, raciste, antisémite et faisant l’apologie de crime contre l’humanité soient punis à la mesure de l’exceptionnelle gravité de leurs actes. »

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