« Deux tiers des plaintes sont classées »
Pensez-vous avoir fait reculer les discriminations avec la méthode du testing ? Samuel Thomas. Oui. Cela fait maintenant cinq ans que nous avons lancé ces opérations dans les discothèques et nous observons une évolution positive.
Au
début, lorsque nous organisions des testings synchronisés dans plusieurs villes
en même temps, nous avions jusqu'à 75 % de comportements discriminatoires à
l'entrée au niveau national. Les données les plus récentes nous montrent que
nous sommes aujourd'hui descendus à 43 %. Ce n'est évidemment pas encore
satisfaisant, mais c'est tout de même une baisse significative.
« Certains videurs ne veulent plus travailler de cette manière » Cette
évolution se fait sous la contrainte et parce qu'un certain nombre
d'établissements ont été condamnés... Bien sûr, mais c'est un passage obligé.
On s'est très vite rendu compte que la prévention et l'éducation ne pouvaient
fonctionner que s'il y avait la menace de sanctions judiciaires à côté. Au tout
début, nous nous sommes heurtés à une opposition frontale du milieu de la nuit
qui engageait des avocats très virulents, proche de l'extrême droite pour
certains, pour défendre leur point de vue. Cette attitude change et nous savons
que certains videurs qui exerçaient cette discrimination sous la contrainte
font maintenant savoir à leur direction qu'ils ne veulent plus travailler de
cette manière. Cette semaine à Lyon, onze videurs jugés pour discrimination ont
été relaxés. N'est-ce pas un échec pour vous ? Nous avons fait appel de cette
décision. Mais il est vrai que nous avons encore souvent du mal avec l'institution
judiciaire. Il y a une véritable réticence dans ce domaine d'une grande partie
de la magistrature. Il faut tout de même savoir que le testing a été validé par
une décision de la cour de cassation en septembre 2000 qui reconnaît cette
méthode. Tous les procureurs ne semblent pas encore au courant... Comment cela
se manifeste-t-il ? C'est assez simple. Après une opération de testing à
laquelle nous décidons de donner des suites judiciaires, environ deux tiers des
plaintes que nous déposons dans les tribunaux n'aboutissent pas ou sont
directement classées sans suite. Ce sont pourtant des plaintes identiques qui
donnent lieu à des condamnations dans d'autres juridictions. Dans certains cas,
nous sommes donc face à une volonté manifeste de ne pas poursuivre les auteurs
de discriminations.
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