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Discriminations : Mais que fait la Police ?

Mercredi, 27 Juin, 2012
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Les tribunaux prennent de plus en plus en compte les faits de discriminations. Samuel Thomas revient sur les évènements marquants de la lutte anti-discrimination, et interpelle le gouvernement sur ses actions. 

Discriminations : Mais que fait la Police ?
Par Samuel Thomas, vice-président de SOS Racisme(06/07/2005)




Grâce aux plaintes de SOS Racisme, les tribunaux sont amenés, enfin, à juger des systèmes de discriminations raciales dans le logement et l’emploi. Ces affaires révèlent l’ampleur insoupçonnée de cette délinquance. Ainsi, 70% des propriétaires à Toulouse réclamaient à Sud Location qu’on écarte les Maghrébins et les Noirs. Ces ordres étaient codifiés PE (“pas d’étrangers”) par l’agence dans son fichier. A Paris, ce sont 80% des propriétaires d’appartements du XVe qui refusaient de louer aux Noirs, nous révélait le gérant de l’étude Cheuvry, dont l’affaire a été jugée le 22 février 2005. En Ile-de-France, ce sont des milliers d’appartements gérés par l’Ocil, France Habitation, qui étaient interdits aux étrangers ou aux personnes de couleur, quand ils étaient codés 2 ou 4. A Logiest, à Metz, les immigrés faisaient l’objet de mesures statistiques pour bien les confiner dans les ghettos, tandis qu’à l’OPHLM de Vitry-sur-Seine, les quotas concernaient aussi les ressortissants des DOM-TOM. Chez Adecco Paris Restauration, des centaines de missions de serveur étaient interdites aux “personnes de couleur”, déclaraient les responsables d’Adecco pour justifier que les intérimaires soient codés BBR pour les Blancs et PR4 pour les autres.

Dans chacune de ces affaires, c’est avec un aplomb et un cynisme déconcertants que ces entreprises prétendaient rendre service aux victimes en les écartant d’un très grand nombre d’emplois et de logements. Avec ces aveux et ces preuves matérielles, SOS Racisme a demandé à la justice de poursuivre l’ensemble des auteurs de discriminations répertoriées et d’informer chacune des victimes. Mais jamais aucune de ces demandes n’a été satisfaite. “Parce que cela demande trop de travail”, indique la police. Ainsi, pour interpeller des centaines de propriétaires ou d’employeurs donneurs d’ordres de discriminations, la police ne dispose pas des effectifs nécessaires. Par contre, ces effectifs ne manquent pas au ministère de l’Intérieur pour des milliers de contrôles d’identité inutiles et humiliants effectués à la sortie des cités ghettos. Devant l’insignifiance des moyens mis à la disposition de l’action judiciaire contre les discriminations, SOS Racisme s’interroge sur la crédibilité à accorder aux discours et aux circulaires qui prétendent en faire une priorité de l’action gouvernementale.

Auteur du rapport Ministériel “Bilan et perspective des politiques publiques de lutte contre les discriminations raciales dans l’accès au logement” du 21 mars 2002.

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