Des associations ont dénoncé le manque d'ambition du projet de loi sur
l'égalité des chances présenté par le gouvernement comme sa réponse aux émeutes
de l'automne dernier.
Le texte, soumis hier au conseil des ministres par Jean-Louis Borloo, ministre
de l'Emploi et de la Cohésion sociale et son ministre délégué à l'égalité des
chances Azouz Begag, « n'est pas à la hauteur des exigences exprimées par
les événements prévisibles de ces dernières semaines », a estimé Mouloud
Aounit, le président du Mrap (Mouvement contre le racisme et pour l'amitié
entre les peuples).
Le Mrap du reste, comme la Ligue des Droits de l'Homme (LDH), réfute le terme
égalité des « chances », lui préférant celui d'« égalité des
droits ».
Réaction semblable pour SOS
Racisme qui juge que « la montagne a accouché d'une
souris ». « Reconnaître un phénomène massif de discrimination raciale
et sociale dans l'accès à l'emploi des jeunes des cités et n'y donner comme
solution nouvelle qu'un accès autorisé à l'apprentissage à 14 ans, ressemble à
une supercherie », a estimé Samuel Thomas, vice-président de SOS
Racisme.
Cette association se réjouit en revanche de l'inscription dans la loi du testing,
cette pratique qu'elle a initiée pour prouver une sélection, pour un logement
ou un travail, opérée sur des critères discriminatoires.
Suspension des prestations familiales
Selon le projet cité dans le communiqué du conseil des ministres, la Halde pourra
« disposer de la faculté de prononcer des sanctions
administratives ».
SOS Racisme se félicite à cet égard que la Halde ne soit plus dotée « de
pouvoir de sanction financière » comme l'avait annoncé le Premier ministre
Dominique de Villepin, le 1er décembre. « En demandant à la Halde de
sanctionner elle-même les délits de discrimination les plus flagrants, le
gouvernement risquait de déresponsabiliser la justice et de dépénaliser la
discrimination », a
estimé Samuel Thomas.
Au premier rang des mesures jugées « inquiétantes, voire
dangereuses » par Mouloud Aounit figure « le contrat de
responsabilité parentale qui prévoit, en cas d'absentéisme, la suspension
temporaire des prestations familiales ».
Le Mrap juge que cette mesure « participe à enfoncer un peu plus ces
familles déshéritées dans la précarité et le dénuement ».
Le Mrap, qui dénonce une « véritable mise à l'écart des
associations », souligne que « cette politique cruelle occulte les
solutions attendues, à savoir la mise en place de moyens conséquents pour que
le système éducatif gère et participe à la structuration des jeunes en
déshérence [.] et un accompagnement des familles en difficulté ».
De son côté, SOS
Racisme propose trois mesures : la création de
« brigades anti-discrimination » au sein de la Police judiciaire et
de l'Inspection du Travail ; la mise en place du CV anonyme ; la
levée de la condition de nationalité pour l'embauche en CDI au sein, dans un
premier temps, d'entreprises publiques comme EDF et la SNCF, comme cela avait
été fait à la RATP en 2002.
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