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Jean-Marie Le Pen rêve d'une crise générale

Mardi, 24 Octobre, 2006
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Samuel Thomas: "Il a été entendu par un juge d'instruction mais le procès n'aura lieu qu'en juin. « Nous aurions préféré qu'il se tienne pendant la campagne présidentielle pour que les Français sachent à qui ils ont affaire ! »

Le leader du Front national en est persuadé : comme en 2002, il sera au second tour de la prochaine présidentielle. Comment, à 78 ans, celui qui a fait fortune en politique se prépare-t-il à ce nouveau combat ?

ELECTION PRESIDENTIELLE.

Jean-Marie Le Pen rêve d'une crise générale

Le leader du Front national en est persuadé : comme en 2002, il sera au second tour de la prochaine présidentielle. Comment, à 78 ans, celui qui a fait fortune en politique se prépare-t-il à ce nouveau combat ?

 

 

 

A SIX MOIS d'une élection présidentielle, les instituts de sondage ne l'ont jamais situé aussi haut dans les intentions de vote (entre 12 % et 15 %). Le traumatisme du 21 avril 2002 hante le débat électoral, conditionne les comportements des présidentiables. A droite comme à gauche, Jean-Marie Le Pen obsède. On jure de le combattre et les thèmes chers au Front national occupent la scène : ordre, sécurité et immigration. « La lepénisation des esprits est si forte que Le Pen n'a rien à faire pour augmenter sa popularité, admet Olivier Martinelli, son directeur de cabinet. Il campe sur une posture tranquille, en s'ouvrant aux électeurs de toutes origines, de toutes religions. » Replié dans son hôtel particulier de Montretout, à Saint-Cloud, Jean-Marie Le Pen, 78 ans, « se voit déjà au deuxième tour », nous a-t-il confié. On l'entend peu. C'est sa stratégie. Dans son bureau, entouré de ses reproductions de bateaux et des statues de Jeanne d'Arc, le leader du Front national prépare son cinquième et ultime combat pour la présidentielle en jouant au « père rassembleur de la Nation qui part en miettes ». Pour le moment, au FN, l'impératif reste de récolter les 500 signatures. « Pour ne pas effrayer ses parrains, il veille à ne pas faire le moindre dérapage, analyse Lorrain de Saint-Affrique, son ancien conseiller en communication. Mais, dès qu'il aura ses signatures, il fera une nouvelle provocation. Il n'a pas changé. Il demeure l'élément de transgression collective et de rejet du système. Le Pen aime peindre le monde plus noir qu'il ne l'est. » Il reste fidèle à lui-même : l'immigration est toujours, selon lui, le problème numéro un de la France. Ses proches ne font pas dans la dentelle. « Pour nettoyer les banlieues, il faut mettre de l'argent dans le scoutisme et les mouvements de jeunes, tonne Roger Holeindre, membre du bureau exécutif du Front national. Pas besoin de pistes de danse mais il faut les mettre au kayak et à la varappe. » En 2006, Le Pen évite les dérapages. Il veut faire oublier le climat de violence qui a entouré son parcours personnel et celui du parti qu'il a cofondé en 1972. Mais les provocations ne sont jamais loin. Il reste toujours sous la menace d'une condamnation judiciaire pour avoir déclaré, dans l'hebdomadaire d'extrême droite « Rivarol » en janvier 2005, que « en France, l'occupation allemande n'avait pas été particulièrement inhumaine ». Il a été entendu par un juge d'instruction mais le procès n'aura lieu qu'en juin. « Nous aurions préféré qu'il se tienne pendant la campagne présidentielle pour que les Français sachent à qui ils ont affaire ! » regrette Samuel Thomas, vice-président de SOS Racisme.

Opération séduction

Secrétaire général de la Licra, Richard Serero, reste, lui aussi, persuadé que « Le Pen est un danger pour la démocratie. Je veux avoir confiance en mes concitoyens. J'espère qu'ils ne feront pas deux fois la même erreur ». Dans le clan Le Pen, sous l'influence grandissante de sa fille Marine, on veut normaliser l'image pour convaincre les Français que le FN peut devenir un parti de gouvernement. Tout est en place pour l'opération « séduction » : discours travaillés à la lettre , régimes minceur en Suisse pour convaincre que Le Pen reste jeune et grand pardon dans sa famille jadis déchirée. Pendant ce temps, le millionnaire de Saint-Cloud veille à faire fructifier son patrimoine, quitte à s'associer avec un partenaire sulfureux dans une société de Champagne ! A six mois du premier tour de la présidentielle, nul ne sait mesurer la capacité de rassemblement de Jean-Marie Le Pen. « L'actualité anxiogène travaille pour lui, prévient Jean-Yves Camus, auteur d' Extrémisme en France. Le vrai enjeu est de faire revenir 20 % de l'électorat français dans le jeu républicain. »

 

Marc Payet et Karim Nedjari

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