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La "brigade antidiscrimination" voulue par le gouvernement ? Une page Facebook

Lundi, 1 Avril, 2019
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"S'il faut plus de moyens, on les mettra", assurent les ministres Julien Denormandie et Marlène Schiappa.

Lancement en grande pompe. Après une tribune parue dans Le Parisien et Le Journal du dimanche annonçant sa création, la page Facebook "brigade anti-discrimination"(Badi) a été inaugurée ce lundi dans les locaux parisiens de Facebook France, en présence de la secrétaire d'État chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, et du ministre chargé de la Ville et du Logement, Julien Denormandie. 

"S'il faut plus de moyens, on les mettra", assurent les ministres Julien Denormandie et Marlène Schiappa.

Lancement en grande pompe. Après une tribune parue dans Le Parisien et Le Journal du dimanche annonçant sa création, la page Facebook "brigade anti-discrimination"(Badi) a été inaugurée ce lundi dans les locaux parisiens de Facebook France, en présence de la secrétaire d'État chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, et du ministre chargé de la Ville et du Logement, Julien Denormandie. 

A l'origine de cette initiative, la proposition d'un participant du débat télévisé coanimé par la secrétaire d'État et Cyril Hanouna fin janvier. L'homme s'était alors prononcé pour la création d'une "brigade antidiscrimination, pour appliquer la loi", en imaginant "des gens assermentés, qui vont se faire passer pour des employés, pour des personnes qui vont en boîte, qui vont prendre un logement (...)", afin de constater d'éventuels manquements. Marlène Schiappa avait acquiescé, lui assurant : "Je vous dis oui directement, on ne la passe pas au vote, créons-la." 

C'est pourtant une version épurée qui a été retenue. Faisant le constat qu'à cause de "la couleur de sa peau", "la religion" ou "l'orientation sexuelle", les "droits formels ne sont pas toujours réels", les deux ministres expliquent vouloir recourir à Facebook pour "faire le trait d'union" entre les victimes et les acteurs de la lutte contre les discriminations. 

En se connectant sur la page de la Badi, l'utilisateur peut trouver le contact du délégué du Défenseur des droits le plus proche de chez lui ou envoyer un message privé pour signaler une discrimination et demander de l'aide, détaille Marlène Schiappa, qui précise que la "version bêta" de la plateforme dévoilée lundi sera "évaluée très régulièrement" et "corrigée". 

Un "soutien moral"

Derrière l'écran, la "douzaine" de salariés de la Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT (Dilcrah), explique son délégué interministériel, Frédéric Potier. S'il ne précise pas combien seront assignés à cette tâche, il assure que les réponses seront "individuelles" et qu'aucun "robot" ne sera mobilisé.  

Les répondants pourront apporter un "soutien moral" explique Marlène Schiappa, mais aussi rediriger les internautes vers des associations spécialisées (parmi lesquelles SOS Racisme, la LICRA, SOS Homophobie, l'Inter-LGBT, l'association Droits d'urgence...), le Défenseur des droits ou le commissariat le plus proche pour un dépôt de plainte. Ce premier contact virtuel pourra être suivi "d'échanges de mail ou de coups de téléphone", ajoute Frédéric Potier. "S'il faut plus de moyens" face au succès d'utilisation de la plateforme, "on les mettra", assure Julien Denormandie. Une première évaluation devrait avoir lieu "à la rentrée".  

Cette prise en charge est toutefois jugée insuffisante par les associations. "Là, une personne discriminée signale un fait à la plateforme, qui la redirige vers une association, qui transmet éventuellement à un procureur, qui saisit la police... On aurait gagné beaucoup de temps si la 'brigade' avait pu transmettre directement un signalement à la police", avance ainsi Samuel Thomas, président de la fédération antiraciste des Maisons des potes. "On nous transfère une charge de travail en plus sans nous donner les moyens de faire ce travail", poursuit-il. 

Dans un communiqué, la Maison des potes appelle à créer "une brigade d'officiers de police judiciaire dans chaque service régional de police judiciaire de France et un magistrat spécialisé dans chaque cour d'appel". Par ailleurs, SOS Homophobie demande à ce que des "référents soient en place dans les commissariats, où les victimes de discrimination renoncent à se rendre de peur d'être mal reçues". 

Peur de déposer plainte

"Quand je vais dans des collèges et des lycées (...), les jeunes ont assez souvent peur d'aller déposer plainte, ou n'en voient pas l'intérêt, connaissent mal le Défenseur des droits et sont incapables de nommer des associations capables de les aider", rétorque Marlène Schiappa. "Une plateforme Facebook nous a semblé quelque chose de simple et de très accessible, notamment pour les plus jeunes." 

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Le recours au réseau social, régulièrement pointé du doigtpour sa politique de traitement des données personnelles, fait néanmoins grincer des dents certains associatifs. "Il n'y aura pas de conservation ou de scan particulier des messages", cherche à rassurer Anton Battesti, responsable des affaires publiques de Facebook France. Les utilisateurs craintifs sont en outre encouragés par le gouvernement à contacter la plateforme via un "pseudonyme" ou en restant "anonyme". Les règles du réseau social proscrivent pourtant cette pratique. Sans parler du chef de l'État lui-même. Le 7 février, Emmanuel Macron avait ainsi déclaré : "Moi je ne veux plus de l'anonymat sur les plateformes internet." 

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