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La "discrimination positive" de nouveau d'actualité, ne fait pas l'unanimité (PAPIER D'ANGLE) Par Martine VERON

Jeudi, 21 Octobre, 2004
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Samuel Thomas: "SOS-Racisme, qui a fait de la lutte contre les discriminations une priorité, refuse toute prise en compte de critères ethniques, qu'il s'agisse de recruter ou d'écarter les gens"

PARIS, 21 oct 2004 (AFP) - La discrimination positive revient en force dans le débat sur la lutte contre les discriminations ethniques, portée notamment par quelques chefs d'entreprise qui commencent à prendre conscience de la nécessité d'agir, mais le concept ne fait pas l'unanimité.

©AFP Général -Jeudi 21 Octobre 2004 - 17:45 - Heure Paris

Société-discrimination-entreprises

 

La "discrimination positive" de nouveau d'actualité, ne fait pas l'unanimité (PAPIER D'ANGLE) Par Martine VERON

 

PARIS, 21 oct 2004 (AFP) - La discrimination positive revient en force dans le débat sur la lutte contre les discriminations ethniques, portée notamment par quelques chefs d'entreprise qui commencent à prendre conscience de la nécessité d'agir, mais le concept ne fait pas l'unanimité.

Défendue par l'ex-ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy, qui avait suscité une polémique en annonçant la nomination d'un préfet "musulman", la "discrimination positive" a été mise de côté au profit du "volontarisme" et de la "promotion positive".

Aujourd'hui, le mot ne fait pas peur à Yazid Sabeg, président de CS Communications et systèmes, initiateur, avec Claude Bébéar, ex-président d'Axa, de la "charte de la diversité", par laquelle les entreprises s'engagent à accueillir les "minorités visibles".

"Ma thèse, dit-il à l'AFP, c'est que les préjugés sont tenaces, le racisme, notamment anti-maghrébin, est profond, il est dû à l'histoire". Dans un livre écrit avec son frère, "Discrimination positive, pourquoi la France ne peut y échapper", il estime qu'il faut des "mesures qui corrigent les inégalités", "qu'on tienne compte de l'origine des gens, sans négliger la prise en compte du mérite".

Plusieurs personnalités d'origines diverses (les sociologues Alain Touraine ou Michel Crozier, des députés Verts, PS ou UMP, de Jack Lang à Yves Jego) ont signé récemment un texte prônant la "discrimination positive socio-économique dans les grandes écoles".

En revanche, le sociologue Jean-François Amadieu estime que la discrimination positive "corrige les inégalités après-coup, mais ne résoud pas le problème à la base".

Il privilégie des "méthodes d'embauche plus objectives", comme les tests professionnels, ou les CV anonymes, expérimentés en Rhône-Alpes.

"Il faut arriver à convaincre les entreprises de l'intérêt de recruter des personnes d'origine diversifiée", dit-il aussi, "sans stigmatiser une population particulière, car l'entreprise discrimine aussi les handicapés, les femmes ou les personnes âgées".

SOS-Racisme, qui a fait de la lutte contre les discriminations une priorité, "refuse toute prise en compte de critères ethniques, qu'il s'agisse de recruter ou d'écarter les gens", dit Samuel Thomas, son vice-président.

"La discrimination positive débouche forcément sur une idée de proportion, et une entreprise peut dire +j'ai déjà 20% de noirs, tout va bien+", dit-il, rappelant que SOS-Racisme a porté plainte en 2001 contre une agence d'intérim, qui aurait accepté de prendre en compte les quotas de gens de couleur fixés par les entreprises.

"La charte de la diversité implique que l'entreprise fasse un fichage ethnique, et sans faire de procès d'intention, on craint qu'elle ne l'utilise à d'autres fins que l'embauche", ajoute-t-il.

SOS-Racisme défend en revanche l'idée de créer une "filière d'embauche spécifique aux personnes issues de quartiers sensibles", une discrimination "géographique" pour obliger les entreprises à évaluer les candidats selon les compétences et aider les jeunes diplômés de ces quartiers, qui désespèrent.

 

 

 

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