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Le rapport Fauroux relance le débat sur le comptage ethno-culturel des salariés

Samedi, 10 Septembre, 2005
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Samuel Thomas: "Le recensement de données ethniques débouche forcément sur la mise en place de quotas Des entreprises se prêtent déjà à la constitution de fichiers ethniques pour effectuer un tri à l'embauche et pratiquer des discriminations envers les personnels de couleur."

Diversité" : Azouz Begag veut banaliser le mot. Le ministre délégué à la promotion et à l'égalité des chances entend faire en sorte que "la France multicolore, cette richesse insuffisamment exploitée se voie" dans les entreprises, les collectivités, les partis et sur les écrans...

Pour atteindre cet objectif, il envisage de faire évoluer la législation afin de permettre aux entreprises de rendre compte de cette diversité en leur sein, en les autorisant à effectuer un comptage ethnique et culturel de leurs salariés. Ce que la loi interdit, comme l'a rappelé en juillet la Commission nationale informatique et libertés (CNIL).

Le rapport Fauroux relance le débat sur le comptage ethno-culturel des salariés

LE MONDE | 10.09.05 | 13h00

 

Diversité" : Azouz Begag veut banaliser le mot. Le ministre délégué à la promotion et à l'égalité des chances entend faire en sorte que "la France multicolore, cette richesse insuffisamment exploitée se voie" dans les entreprises, les collectivités, les partis et sur les écrans...

Pour atteindre cet objectif, il envisage de faire évoluer la législation afin de permettre aux entreprises de rendre compte de cette diversité en leur sein, en les autorisant à effectuer un comptage ethnique et culturel de leurs salariés. Ce que la loi interdit, comme l'a rappelé en juillet la Commission nationale informatique et libertés (CNIL).

Le rapport sur "la lutte contre les discriminations ethniques" remis, jeudi 8 septembre, par Roger Fauroux au ministre de la cohésion sociale, Jean-Louis Borloo, vient conforter les convictions d'Azouz Begag (Le Monde du 16 juillet). Disposer de constats chiffrés, fait-il valoir, permettra une meilleure prise de conscience et d'évoluer en mesurant les progrès ou les reculs de la diversité dans l'entreprise. "L'une des principales faiblesses du modèle français d'intégration est la cécité qu'il s'impose vis-à-vis de l'origine ethnique et même géographique des individus dont on ne peut connaître que la nationalité" , lit-on dans l'introduction du rapport.

LEVER LE TABOU

Si l'idée fait son chemin, la mesure de la diversité ethnique suscite encore de vives controverses. Pour ses détracteurs, toute classification ethno-culturelle, par un renvoi aux origines et une assignation identitaire, mettrait profondément en cause le modèle d'égalité républicaine. "Cela pousserait les personnes à s'identifier en fonction d'un groupe et non plus en tant qu'individu, s'alarme Samuel Thomas, vice-président de SOS-Racisme. Ce qui stimulerait les revendications communautaires." "Le recensement de données ethniques débouche forcément sur la mise en place de quotas , poursuit-il. Des entreprises se prêtent déjà à la constitution de fichiers ethniques pour effectuer un tri à l'embauche et pratiquer des discriminations envers les personnels de couleur."

La présidente du Haut Conseil à l'intégration, Blandine Kriegel, affirme que "la discrimination positive est contradictoire avec les droits fondamentaux et le principe d'égalité républicaine" . Celle qui est aussi conseillère de Jacques Chirac s'attache à rappeler qu'"il existe déjà au sein de toutes les grandes enquêtes réalisées par l'INED et l'Insee tout un matériel non exploité . Nous avons déjà la possibilité de mesurer la diversité. Alors, faisons-le !"

Faouzi Lamdaoui, délégué national du PS en charge de l'égalité des chances et de la lutte contre les discriminations, est, pour sa part, convaincu qu'il faut "lever le tabou des statistiques" si l'on veut avancer efficacement. "Il faut mettre le focus sur les phénomènes discriminatoires et pouvoir mesurer les progrès qui restent à accomplir" , insiste-t-il.

M. Lamdaoui propose de placer, dans l'entreprise, l'exercice de la mesure de la diversité sous le contrôle des syndicats. "Le code du travail devrait contraindre les entreprises à publier un bilan de l'égalité des chances, explique-t-il. Ce document, qui pourrait déboucher sur la délivrance d'un label par les pouvoirs publics, devrait être, comme le bilan social, débattu au sein des instances du personnel." Cette proposition pourrait être débattue par les partenaires sociaux lors d'une future négociation sur "la diversité en entreprise" que la nouvelle patronne du Medef, Laurence Parisot, a appelée de ses voeux (Le Monde du 31 août).

A Matignon comme à l'Elysée, l'idée de mesurer la diversité ethnique reste, pour l'heure, encore taboue. Mais Azouz Begag, qui voit dans le premier ministre "la personnalité incarnant le mieux les valeurs républicaines" , espère bien finir par le convaincre.

 

Laetitia Van Eckhout

Article paru dans l'édition du 11.09.05

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