SOS Racisme déclare la guerre au maire
LA DERNIÈRE «
Lettre du maire », au sujet des gens du voyage, distribuée dans les boîtes
aux lettres depuis mercredi soir, risque de faire des vagues. SOS Racisme a
juré de faire stopper la diffusion de ce document, qui doit se poursuivre
dimanche sur la brocante, et annonce qu'il distribuera de son côté des tracts
appelant à « la conscience citoyenne ». Tout commence le 16 septembre avec
l'arrivée de 140 caravanes dans le bois de Célie, un espace protégé. Le maire
UMP, Alain Kélyor, ne tarde pas à réagir. Il sort une « Lettre du maire »
titrée : « La honte ! Nous ne pouvons pas être la poubelle de la Seine-et-Marne. » Et il
continue : « Si vous faites partie des gens du voyage, vous pouvez par la
force vous installer n'importe où et vous pouvez, sans risque de contrôle
fiscal, ne pas avoir de sources de revenu (même si vous possédez une voiture
haut de gamme et une caravane fort luxueuse). » Et il conclut : «
Aujourd'hui, j'ai besoin de vous. Puisque la force et l'intimidation sont
respectées en France, je vous engage à vous mobiliser et à venir en mairie
signer la pétition qui sera adressée au préfet. »
L'ambiance risque d'être électrique, dimanche à la brocante «
Je viens de communiquer la Lettre
du maire au préfet, précise Samuel Thomas, de SOS Racisme. Une réflexion
judiciaire est en cours afin de saisir la justice pour délit d'incitation à
la haine raciale, diffamation à caractère raciste et incitation au trouble à
l'ordre public. Nous lancerons dimanche, sur le marché, un appel à la
fraternité contre le racisme, sous forme de tracts. » Autant dire que
l'ambiance risque d'être électrique, dimanche, sur la brocante. Pour le
conseiller municipal PS Jean-Francis Dauriac, « l'attitude du maire n'est pas
une surprise ». « Cela révèle son incapacité à régler les problèmes dans sa
ville et va réveiller la haine. » Alain Kélyor contre-attaque : « Je défie
quiconque de voir un propos raciste dans ce que j'écris depuis 1995. Si c'est
raciste de dire que nous ne sommes pas tous logés à la même enseigne face à
la loi... Je dis tout haut ce que beaucoup pensent tout bas. Notre pétition a
déjà rassemblé 450 signatures d'Emerainvillois. »
Gilles Cordillot
Le Parisien , samedi 24 septembre 2005
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