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Jeudi, 22 Avril, 2004
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Samuel Thomas: "le maire dépositaire du pouvoir de police municipale et garant de l’ordre public a choisi délibérément d’attiser la haine raciste et islamophobe de ses concitoyens contre les personnes originaires de Turquie ou de confession musulmane »

La lettre que le maire de Saint-Claude a écrite le 1er octobre au ministre de l’intérieur a suscité la colère de SOS Racisme qui a déposé deux plaintes pour injure publique à caractère raciste. Quand il a posté sa lettre le 1er octobre 2003 à l’adresse du ministre de l’Intérieur de l’époque, Nicolas Sarkozy, Jean-Louis Millet, le maire de Saint-Claude, ne se doutait sans doute pas qu’elle allait rapidement être diffusée sur un site Internet Paxeuropa dès le 22 octobre. Qu’elle allait susciter un tollé chez une partie de ses administrés de toutes confessions qui se sont constitués en collectif réunissant Attac, l’Association culturelle franco-turque et Cactus. Que SOS racisme allait déposer une plainte avec constitution de partie civile contre X « pour injure publique à caractère raciste, incitation publique à la haine raciale et diffamation publique à caractère raciste ».

SOS racisme accuse     22/04/2004

 

La lettre que le maire de Saint-Claude a écrite le 1er octobre au ministre de l’intérieur a suscité la colère de SOS Racisme qui a déposé deux plaintes pour injure publique à caractère raciste. Quand il a posté sa lettre le 1er octobre 2003 à l’adresse du ministre de l’Intérieur de l’époque, Nicolas Sarkozy, Jean-Louis Millet, le maire de Saint-Claude, ne se doutait sans doute pas qu’elle allait rapidement être diffusée sur un site Internet Paxeuropa dès le 22 octobre. Qu’elle allait susciter un tollé chez une partie de ses administrés de toutes confessions qui se sont constitués en collectif réunissant Attac, l’Association culturelle franco-turque et Cactus. Que SOS racisme allait déposer une plainte avec constitution de partie civile contre X « pour injure publique à caractère raciste, incitation publique à la haine raciale et diffamation publique à caractère raciste ». Dans son courrier dont il a fait une copie au préfet du Jura, le magistrat s’en prend à la communauté turque et parle même de « colonisation ». SOS Racisme et le collectif considèrent que les propos de l’élu de Saint-Claude sont diffamatoires. L’association anti-raciste a déposé une première plainte le 31 mars par devant le tribunal de grande instance de Lons, une seconde auprès du doyen des juges d’instruction le 16 avril. Elles visent l’édile et les deux sites qui ont mis en ligne la missive. Le maire de Saint-Claude a lui aussi déposé une plainte pour violation du secret de correspondance. « Cette lettre n’est pas secrète, elle serait restée dans les archives municipales ou elle était consultable », estime le vice-président national de l’association anti-raciste, Samuel Thomas. Lequel ne croit guère que le premier édile de Saint-Claude ait eu l’intention de garder son courrier secret. Sinon, souligne le vice-président de SOS, il aurait pu faire arrêter sa diffusion sur le réseau par procédure de référé dès le lendemain de sa mise en ligne le 23 octobre . C’est « une stratégie de défense de la part du maire de Saint-Claude », explique Samuel Thomas. « Cette lettre a été utilisée pour galvaniser le racisme de certains », ajoute-t-il. En toile de fond, les élections du 13 juin. Le premier édile de la sous-préfecture du Haut-Jura envisage d’être en bonne place sur une liste aux élections européennes conduite par le MPF (Mouvement pour la France) dont le thème de campagne est le non à l’entrée de la Turquie dans la communauté européenne. « Attiser la haine » Dans un premier temps l’association culturelle franco-turque, dès qu’elle a eu connaissance de ce courrier, a essayé de temporiser. Une rencontre est organisée vendredi 26 mars, à la mosquée d’Etables, en présence du consul de Turquie qui a spécialement fait le déplacement de Lyon pour la circonstance. Jean-Louis Millet a notamment affirmé à l’assemblée que « ceux qui, parmi eux, sont d’honnêtes gens n’ayant rien à se reprocher et ont pu à tort se sentir visés, acceptent mes regrets de les avoir blessés ». Ce ne sont pas des excuses, rétorquent en substance SOS racisme et le collectif qui réclament une sanction judiciaire et une peine d’inéligibilité. Ils considèrent que la lettre au ministre du maire de Saint-Claude n’est pas digne d’un élu de la République. Selon SOS Racisme, le maire « dépositaire du pouvoir de police municipale et garant de l’ordre public a choisi délibérément d’attiser la haine raciste et islamophobe de ses concitoyens contre les personnes originaires de Turquie ou de confession musulmane ». Samuel Thomas met particulièrement l’accent sur un passage de la missive où il est écrit que « cet afflux concerne essentiellement la communauté turque, dont l’économie souterraine criminelle repose sur le trafic de drogue (...), est en train de faire des ravages, à travers l’acquisition régulière de tout ce qui peut se vendre dans la ville colonisant littéralement la cité ». Simple citoyen ordinaire, comme il se définit lui-même, Pierre Gresset, membre du collectif, accuse le maire de la cité pipière de prendre la posture de « victime ». « On lui ferait un faux procès, martèle l’enseignant, alors que l’ensemble d’une communauté est diffamée d’une manière grave ». Christophe Marchal

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