Syndicats de
l'INSEE et associations s'allient contre les "statistiques ethniques"
Les syndicats CGT, CFDT, FO, SUD et CGC de l'INSEE se sont
engagés, mercredi 7 mars, aux côtés de la Ligue des droits de l'Homme
(LDH), de SOS Racisme,
du MRAP et de la LICRA, contre l'introduction de variables ethniques, ou
faisant référence à la couleur de la peau, dans les statistiques publiques, et
en particulier contre la création d'un "référentiel
ethno-racial".
Cette prise de position vient compléter la pétition rendue
publique, le 23 février dernier, à l'initiative du sociologue Jean-François
Amadieu, directeur de l'Observatoire des discriminations, et de l'historien Patrick Weil (CNRS),
spécialiste de l'immigration, et déjà soutenue par ces organisations
syndicales.
"Les statistiques ethniques ne sont (...) pas un outil de lutte contre
les discriminations mais risquent d'être l'instrument de certaines formes de
discriminations", prévient en effet ce texte.
Certes, "pour évaluer les discriminations en
raison des origines, et pour mesurer les progrès réalisés, il faut disposer de
données statistiques", reconnaissent les signataires
de cet "engagement républicain contre les discriminations".
Mais les informations disponibles dans les enquêtes de l'INSEE
rendent tout à fait possible la mesure des phénomènes discriminatoires. Demander
aux individus de déclarer "leur ethnie, leur race, leur
religion ou encore leur orientation sexuelle est [donc] inutile
dans le cadre de la lutte contre la discrimination et pour l'égalité des
chances".
Des données inutiles contre les discriminations
Dans le même esprit, les organisations syndicales de l'INSEE se
sont déclarées "très vigilantes"
sur l'utilisation de tels critères, alors que "de nombreuses
variables existent déjà dans les enquêtes INSEE, qui permettent de produire de
meilleures analyses", a, notamment, déclaré Julie
Herviant, de la CGT INSEE,
en évoquant, pêle-mêle, l'âge, le sexe, la profession, le pays de naissance ou
la nationalité, la date d'arrivée en France, etc.
Unis dans un refus partagé de statistiques ethniques
généralisées, les syndicats de l'Institut national de la statistique n'écartent
pas, en revanche, la possibilité de mener des enquêtes ad hoc, visant à vérifier, par exemple, l'existence de discriminations
spécifiques.
"Mais sans figer les personnes dans des catégories données, en
particulier basées sur l'apparence physique", a
insisté Julie Herviant.
Les associations ont également, pour leur part, affirmé
l'inutilité d'une telle démarche dans la lutte contre les discriminations, en
défendant, a contrario, l'intérêt des testings à cet effet.
Elles n'ont, d'ailleurs, jamais réclamé la création de "fichier
ethnique", mais bien, au contraire, toujours dénoncé
leur existence dans certains services ou administrations (offices HLM,
sociétés privées, police, etc.), a rappelé Samuel Thomas,
vice-président de SOS Racisme.
Pour la LDH, son président Jean-Pierre Dubois s'est, en
outre, insurgé contre l'utilisation des termes "ethnique" ou "racial", impropres et
tendancieux, tandis que Mouloud Aounit, pour le MRAP, a attiré l'attention sur
le risque d'organiser une sorte de concurrence entre des catégories de
victimes, au détriment d'un combat universel contre tout racisme et
antisémitisme.
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