Aller au contenu principal

egal.fr

 banniére

Une "charte de la diversité" contre les discriminations dans l'entreprise (PAPIER GENERAL) Par Martine VERON

Vendredi, 22 Octobre, 2004
Logo
Logo
Samuel Thomas: "Elle implique que l'entreprise fasse un fichage ethnique, et sans faire de procès d'intention, on craint qu'elle ne l'utilise à d'autres fins que l'embauche"

PARIS, 22 oct 2004 (AFP) - Des grandes entreprises se sont engagées vendredi, en signant une "charte de la diversité", à respecter la non-discrimination à l'embauche, la formation, l'avancement professionnel de leurs salariés, et à pratiquer la transparence en ce domaine.

Une "charte de la diversité" contre les discriminations dans l'entreprise (PAPIER GENERAL) Par Martine VERON

 

PARIS, 22 oct 2004 (AFP) - Des grandes entreprises se sont engagées vendredi, en signant une "charte de la diversité", à respecter la non-discrimination à l'embauche, la formation, l'avancement professionnel de leurs salariés, et à pratiquer la transparence en ce domaine.

"Les responsables de ressources humaines n'ont pas conscience de discriminer. Quand ils ont beaucoup de candidats, ils mettent inconsciemment sous la pile certains CV, c'est une discrimination insidieuse, invisible", a affirmé Bertrand Collomb, président de Lafarge, jeudi à l'Institut Montaigne, initiateur de la "charte de la diversité".

"On peut leur dire : mettez au-dessus de la pile ces CV, vous ne les prendrez peut-être pas mais ce sera parce qu'ils ne sont pas bons, pas à cause de leur nom", a-t-il dit. "L'essentiel, ce n'est pas la charte, c'est ce qu'on va mettre derrière", a-t-il ajouté.

"On a vécu jusqu'à présent dans le non-dit", a affirmé un autre signataire, Serge Weinberg, président du directoire de Pinault-Printemps-Redoute (PPR). "Aujourd'hui, nous reconnaissons qu'il y a des problèmes de discrimination et nous nous engageons à bouger et à rendre compte".

A ceux qui doutent de l'efficacité de cette initiative, Claude Bébéar, président du conseil de surveillance d'Axa, répond que la lutte contre les discriminations passe "plus par un changement de mentalité que par un changement des lois ou des textes".

Il proposera cependant des mesures concrètes au Premier ministre Jean-Pierre Raffarin à la mi-novembre, dans un rapport qui lui a été demandé sur les moyens de résorber les inégalités d'accès et d'insertion dans l'entreprise.

"traiter tous les CV"

"Aujourd'hui, on reste dans le volontarisme", affirme Charlotte Duda, directrice des ressources humaines de Stream, et présidente de l'association nationale des directeurs et cadres de la fonction personnel, sollicitée par l'Institut Montaigne pour réfléchir aux outils à proposer aux entreprises et aux "critères pertinents" d'évaluation.

"L'une des consignes simples, que nous appliquons chez nous, est de traiter tous les CV que nous recevons", dit-elle. Lorsqu'il s'agit de prestataires de service, il faut dépasser les réactions de "peur", les "fantasmes du client mécontent" car, explique-t-elle, "les clients nous payent pour un service, le recrutement, c'est notre problème, pas celui du client".

Une quarantaine d'entreprises s'étaient déjà engagées jeudi à signer la charte, parmi lesquelles PSA Peugeot-Citroën, Adecco, Adia, France-Télévision, Accor, Casino, Sodexho, Schneider Electric ou Noos.

Certaines n'en sont pas à leur début. Adia, agence d'interim, a lancé une campagne de communication proclamant "Ne vous fiez pas aux apparences, fiez-vous aux compétence", agissant non seulement contre la discrimination ethnique, mais aussi celle qui concerne les femmes, les handicapés, les seniors ou les homosexuels. Et Adecco a créé un "pôle discrimination" en 2000.

Le groupe Casino forme ses managers aux "particularismes" et a lancé une analyse patronymique de ses salariés pour mieux connaître leurs origines ethniques, après autorisation spécifique de la CNIL (commission nationale informatique et libertés), le "fichage" ethnique étant illégal.

La charte de la diversité ne fait pas l'unanimité. "Elle implique que l'entreprise fasse un fichage ethnique, et sans faire de procès d'intention, on craint qu'elle ne l'utilise à d'autres fins que l'embauche", estime Samuel Thomas, vice-président de SOS-Racisme.

Publier un nouveau commentaire

Le contenu de ce champ sera maintenu privé et ne sera pas affiché publiquement.