Aller au contenu principal

egal.fr

 banniére

Discrimination au logement: deux agences sur la sellette

Vendredi, 20 Juin, 2003
Logo

Luttant contre toute forme de discrimination, l'association SOS Racisme saisit la justice et dénonce les pratiques d'une trentaine d'agences immobilières en France. A Metz, deux d'entre elles sont mises en cause.

20 JUIN 2003 LE REPUBLICAIN LORRAIN SOCIÉTÉ - immobilier  

Discrimination au logement: deux agences sur la sellette

 

"Metz est la capitale de la discrimination au logement, tout est parti d'ici...>, lance Samuel Thomas, le vice-président national de l'association SOS Racisme avant de rappeler la plainte déposée en septembre 2000 contre l'OPAC de Metz pour l'utilisation de "mentions ethniques> dans ses fichiers ainsi que le contrôle, un mois plus tard, des dossiers de LogiEst dans lesquels figurait également le pays d'origine du demandeur... "Mais ces affaires à l'époque ont été classées sans suite...>

Aujourd'hui, à l'heure où le ministère du Logement édite une plaquette, diffusée à 200 000 exemplaires, pour aider les victimes à faire la preuve de la discrimination, deux agences sont de nouveau sur la sellette. La première, Logeka, aurait confié à M. R..., d'origine maghrébine, une liste d'appartements libres moyennant 135 Eur. Lorsque ce dernier contacte la propriétaire, celle-ci lui apprend que le logement est déjà loué. Mais il figure toujours dans les fichiers de l'agence immobilière. Le frère du demandeur, qui a fait franciser ses nom et prénom, contacte également la propriétaire qui lui avoue qu'elle ne louait pas aux étrangers.

"Cette méthode qui consiste à faire appeler l'agence ou le propriétaire par une personne portant un nom bien français permet de savoir si l'appartement est effectivement déjà loué, trop grand, trop petit... Ou si on a menti au demandeur, précise Me Ralph Blindauer, l'avocat de SOS Racisme. C'est ce qu'on appelle le testing. Il n'est plus aujourd'hui considéré comme un mode de preuve déloyal mais c'est au tribunal de l'apprécier.> Le parquet a donc été saisi qui a aussitôt diligenté une enquête préliminaire.

Jointe par téléphone, la responsable de l'agence Logeka, Marie-Claire Pagnacco, se porte en faux face aux accusations portées par SOS Racisme: "Je n'ai jamais entendu parler de tout ça. C'est extrêmement grave. C'est de la discrimination raciale. Nous sommes en République, tout le monde a droit à avoir un logement. Nous ne sommes pas concernés par de tels agissements. J'ai toute confiance en mes négociatrices. De plus, nous précisons systématiquement aux propriétaires qu'il n'est pas question de sélectionner les locataires sur de tels critères...>

Aux abonnés absents

Mais Logeka n'est pas la seule à être mise en cause dans cette affaire. L'agence immobilière Mil'Im fait également l'objet d'une plainte. "Il s'agit d'un réseau présent dans toute la France, indique Me Ralph Blindauer. Au départ, les faits ont été dénoncés par une employée lyonnaise. Elle a révélé que lors de l'enregistrement informatique du client, l'hôtesse de vente devait préciser le code racial en fonction des desiderata du propriétaire."

Suite à ces révélations, SOS Racisme a effectué un testing dans de nombreuses agences dont celle de Metz. Celui-ci a montré que les demandeurs d'origine étrangère obtiennent généralement moins de propositions que les autres et lorsqu'une offre leur est faite, elle concerne des logements situés dans des quartiers défavorisés.

Malheureusement, l'agence Mil'Im a fermé depuis plusieurs mois déjà, abandonnant bureaux et ordinateurs à leur sort au 12, rue François-de-Curel où le courrier s'entasse sous la porte, et où le téléphone sonne dans le vide. Toutefois, une information judiciaire devrait être ouverte prochainement.

V. P.

Paru le : 20/06/03 (Metz / Actualité

Publier un nouveau commentaire

Le contenu de ce champ sera maintenu privé et ne sera pas affiché publiquement.