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Discrimination raciale: «Tout ce qui n’est pas blanc, je n’en veux pas», deux agents immobiliers condamnés

Jeudi, 7 Février, 2019
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« Tout ce qui n’est pas blanc, je n’en veux pas ». Ce mercredi, le tribunal d’Evry a condamné deux agents immobiliers de Palaiseau dans l'Essonne pour discrimination. Guy A., le père, a écopé de quatre mois de prison avec sursis et son fils, David A., de deux mois avec sursis. Les deux cogérants doivent verser 2000 € à l’une des victimes ainsi que 4000 euros (solidairement) pour dommages et intérêt et 500 euros (chacun) pour frais de justice à la Maison des Potes - Maison de l'Egalité, la LICRA et SOS Racisme. Les trois associations s’étaient constituées partie civile dans cette affaire qui remonte à 2006.

« Tout ce qui n’est pas blanc, je n’en veux pas ». Ce mercredi, le tribunal d’Evry a condamné deux agents immobiliers de Palaiseau dans l'Essonne pour discrimination. Guy A., le père, a écopé de quatre mois de prison avec sursis et son fils, David A., de deux mois avec sursis. Les deux cogérants doivent verser 2000 € à l’une des victimes ainsi que 4000 euros (solidairement) pour dommages et intérêt et 500 euros (chacun) pour frais de justice à la Maison des Potes - Maison de l'Egalité, la LICRA et SOS Racisme. Les trois associations s’étaient constituées partie civile dans cette affaire qui remonte à 2006.

A cette époque, c’est une employée de leur agence qui avait la première rapporté les faits. Lors de son premier jour de travail, son patron lui avait expliqué comment choisir les dossiers : « Je vous préviens tout de suite, je ne veux pas de locataires “blacks”, pas d’Arabes, pas de “japs”, tout ce qui n’est pas blanc, je n’en veux pas. »

Des locations refusées à des « candidats sérieux »

Elle avait alors décidé de le filmer en caméra cachée. Sur les images ensuite diffusées sur France 2, on voyait l’employée le pousser à confirmer ses consignes « au niveau de la ségrégation ». « Oui… Oui », répondait l’homme, aujourd’hui à la retraite. A la barre du tribunal correctionnel, il a refusé de s’exprimer sur cette vidéo.

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Selon la procureur, dans ce dossier « essentiel » - jugé 13 ans après les faits, après deux non-lieux et des magistrats « qui ont peut-être manqué de courage », des locations ont été refusées à des « candidats sérieux » qui gagnaient bien leurs vies et avaient de bonnes garanties.

Un phénomène très répandu

« Nous sommes satisfaits car nous avons attendu ce procès pendant 13 ans, témoigne pour 20 Minutes Romain Ruiz, avocat à SOS Racisme. Il est nécessaire d’avoir des condamnations sur ce genre d’infraction car il y en a encore trop peu chaque année en France au regard de leur nombre. » Même satisfaction pour Samuel Thomas, Président de la Maison des Potes - Maison de l’Egalité pour qui la condamnation va permettre de « sensibiliser les agents immobiliers et encourager les victimes à porter plainte ».

Cependant les deux associations considèrent que la condamnation reste encore minime face à ce phénomène très répandu. « Il y a quelques années, le département de l’Essonne a financé une étude qui avait révélé, grâce à des testings, des faits de discrimination dans 30 % des agences immobilières testées, rappelle l’avocat de SOS Racisme. La discrimination locative est malheureusement très dure à prouver. »

Des « testings » concluant

Le tribunal a condamné les deux hommes pour quatre cas de discrimination uniquement. Plusieurs clients éconduits, qui s’étaient portés parties civiles aux côtés des associations, dont SOS racisme qui avait déposé la première plainte, étaient venues témoigner de ce que la procureure a qualifié de «racisme ordinaire ».

Un couple mixte a raconté s’être fait soudainement refuser un appartement au motif qu’il était « réservé ». Ils effectuent alors un « testing » : dès que des amis aux noms sans consonance étrangère appellent, l’appartement redevient disponible.

Ne pas donner suite à ceux qui avaient des accents étrangers

Un autre salarié de l’agence avait déclaré que son patron lui avait demandé de refuser de louer des appartements aux Asiatiques « car ils s’y mettent à 15 », et de ne pas donner suite à ceux qui avaient des accents étrangers au téléphone.

Tout au long de l’audience, le père et le fils, qui ont nié en bloc, ont secoué la tête, l’air incrédule et énervé. « Ils ne sont pas racistes » mais « boucs émissaires » dans un dossier qui ne repose sur « aucune preuve concrète », a soutenu leur avocat, qui avait plaidé la relaxe.

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