France et Monde
Des éducateurs déçus, voire choqués
Hier soir à Orchies (Nord), en compagnie
de Pierre Mauroy, Ségolène Royal a reçu le soutien des habitants et réaffirmé
qu'elle «tiendr(ait) bon» • photo AFP
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Des acteurs de terrain,
syndicats de l'éducation et associations se sont déclarés déçus, et souvent
même choqués, par les propositions de Ségolène Royal pour lutter contre la
délinquance des mineurs, tel «un encadrement à dimension militaire»
pour les primo-délinquants.
Bruno Julliard s'est dit «atterré»,
au nom du syndicat étudiant Unef, qui fut à la pointe de la lutte contre le
CPE: «On ne peut pas manier le bâton, jouer la mère Fouettard, sans avoir
un discours à côté et sans s'attaquer au vrai problème du malaise social
rencontré par les jeunes et la population», a-t-il déclaré hier.
Ségolène Royal propose la mise en place
de «chantiers humanitaires encadrés par des militaires, des gendarmes, des
pompiers, toutes professions en uniforme et en tenue qui incarnent la République, la Nation».
Pour Samuel Thomas, vice-président de SOS
Racisme, c'est de «la bêtise de vouloir communiquer un esprit guerrier. Il
ne faut pas brosser dans le sens du poil celui qui appréhende la vie sous un
aspect guerrier car la délinquance est une façon guerrière d'aborder la vie».
En revanche, ajoute Samuel Thomas, «c'est
un message extrêmement positif de dire aux jeunes en perte de repères: voila,
on vous donne l'opportunité de recréer un idéal, de donner du sens à votre
vie avec une action de paix et de solidarité». «On n'enseigne pas le
respect par la discipline militaire, conclut-il, mais lorsque l'on
redonne du sens à la vie». Le Mouvement contre le racisme et pour
l'amitié entre les peuples s'en prend à «Sarkolène Royal», en
exprimant sa «consternation scandalisée». Le Mrap demande aux
dirigeants PS «de se démarquer fermement de tels projets.
Même déception chez les acteurs de
terrain. Mimouna Hadjam, de l'Association Africa 93 à La Courneuve (Seine-St-Denis)
explique qu'«une des choses qu'on aurait attendues de Ségolène Royal à
Bondy, c'est un discours beaucoup plus social. Mais elle a décidé de se
lancer dans la bataille avec Sarkozy et elle démarre mal: elle commence sur
la banlieue en musclant son discours».
«Vision simpliste»
Les propositions de Ségolène Royal sont «scandaleuses»
et «dangereuses», estime le SNPES-PJJ/FSU, syndicat majoritaire
d'éducateurs de la protection judiciaire de la jeunesse.
Philippe Niemec, secrétaire national du
syndicat enseignants Se-Unsa, se déclare «très surpris et déçu»:
Ségolène Royal «ne fait pas de propositions éducatives mais propose
d'écarter et d'évincer les jeunes dès qu'ils posent problème». «On est
face à une vision simpliste de la jeunesse et nous ne croyons pas au rôle de
l'armée éducatrice», ajoute M. Niemec, pour qui «sortir les jeunes des
établissements ne résoudra rien».
03.06.2006 © Charente Libre
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