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Des entreprises françaises accusées d'avoir mis en place un fichage ethnique

Mercredi, 4 Novembre, 2009
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PARIS — Une quinzaine de grandes entreprises françaises ont mis en place un fichage ethno-racial ou territorial, accuse mercredi l'organisation SOS-Racisme dans un rapport sur les systèmes discriminatoires de recrutement, non seulement sur le marché de l'emploi mais également pour le logement.

Des entreprises françaises accusées d'avoir mis en place un fichage ethnique

De ASSOCIATED PRESS (CP) – Il y a 2 heures

PARIS — Une quinzaine de grandes entreprises françaises ont mis en place un fichage ethno-racial ou territorial, accuse mercredi l'organisation SOS-Racisme dans un rapport sur les systèmes discriminatoires de recrutement, non seulement sur le marché de l'emploi mais également pour le logement.

Ce rapport fait suite à la signature le 13 novembre 2008 d'une convention de partenariat entre Patrick Karam, délégué interministériel pour l'Egalité des chances des Français d'outre-mer, SOS-Racisme et la Fédération nationale des Maisons des potes, relative au fichage territorial ou ethno-racial.

Le document, remis mercredi à M. Karam par le vice-président de SOS-Racisme, Samuel Thomas, pointe une quinzaine de grandes entreprises, parmi lesquelles figurent le numéro un mondial de l'intérim, Adecco, la compagnie aérienne Air France, le parc d'attractions Eurodisney ou encore le constructeur Nissan en Europe.

Selon SOS-Racisme, "le fichage ethnique semble être une marque de fabrique chez Adecco". L'association rapporte plusieurs affaires de catégorisation ethno-raciale au sein de l'entreprise, avec les codifications BBR (bleu, blanc, rouge) pour la France et BBB (bleu, blanc, belge) pour la Belgique. Ces codes ont notamment été utilisés pour L'Oréal en 2000.

La Cour de cassation a d'ailleurs confirmé en juin la condamnation des laboratoires Garnier, d'Adecco et de sa filiale Ajilon à 30 000 euros d'amende chacun pour discrimination raciale à l'occasion du recrutement de démonstratrices en 2000.

Chez Eurodisney, les salariés de type européen sont privilégiés "afin de ressembler à la clientèle", ajoute SOS Racisme. Ainsi, le site Internet de la société établit une distinction entre les Français de la métropole et ceux des DOM-TOM, la rubrique "pays" mentionnant la France, la Guadeloupe, la Martinique, La Réunion, la Polynésie française, la Guyane française et la Nouvelle-Calédonie.

La compagnie Air France est également épinglée, SOS-Racisme l'accusant d'avoir dressé une typologie raciale des hôtesses et stewards utilisés pour les vols spéciaux. Sur des fiches, la taille, la couleur des cheveux ou des yeux, mais surtout la typologie raciale (africain, antillais, asiatique, eurasien, indien, méditerranéen, occidental), devaient être mentionnées.

Cette pratique est également observée dans le domaine du logement, "tant par les bailleurs sociaux HLM que par les organismes privés, et notamment les agences immobilières", note le rapport, précisant que "les logiques de fichage, de dosage et de ségrégation sont les mêmes que dans le domaine de l'emploi".

Par exemple, à l'OPAC de Saint-Etienne, le fichage était utilisé comme "outil de dosage des locataires en fonction de leur patronyme", avec un code de couleurs: vert pour les personnes présumées d'origine maghrébine, rouge pour celles d'origine africaine et jaune pour celles dont on supposait qu'elles étaient originaires d'Asie. Pour l'office, "au-delà de 7% de noms à consonance étrangère sur les boîtes aux lettres, cela engendrait le départ des locataires d'origine européenne".

Le 3 février dernier, l'OPAC de Saint-Etienne, poursuivi par SOS-Racisme, a été condamné à 20 000 euros d'amende avec sursis par le tribunal correctionnel de la ville pour fichage ethnique et discrimination dans l'accès au logement.

Depuis janvier 1978, la loi réprime le fichage ethno-racial de cinq ans de prison et de 300 000 euros d'amende pour les auteurs personnes physiques, et 1,5 million d'euros pour les personnes morales. Mais ce délit n'a été que récemment sanctionné, à Saint-Etienne, mais également à Versailles, avec la condamnation en appel de la société Daytona en juin 2009 à 20 000 euros d'amende.

Cette filiale du No1 mondial de la communication et du marketing DDB sélectionnait les personnels, essentiellement des hôtesses de vente et d'animation, selon un critère "pure white", et fichait les origines ethniques de ces salariés mis à disposition de sociétés comme Dior, Guerlain ou Gillette.

En conclusion, SOS-Racisme et la Fédération nationale des Maisons des potes jugent "primordial que les autorités qui se sont engagées dans la lutte contre les discriminations se saisissent de dossiers portant sur le fichage de données ethno-raciales".

Ironie de l'histoire, certaines des entreprises mises en cause dans ce rapport participent à l'expérimentation du CV anonyme relancée mardi par le gouvernement. Il s'agit notamment d'Eurodisney et de L'Oréal.

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