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ARES : un géant de la sécurité désarmé par le principe d’égalité

Posté dans
Jeudi, 1 Janvier, 2015
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Sous couvert de sécurité intérieure, ARES choisissait ses employés en fonction de leur nationalité.

Sous couvert de sécurité intérieure, ARES choisissait ses employés en fonction de leur nationalité.

 

 

Agent de sécurité, Monsieur Hervé Bedou est de nationalité béninoise. Il réside en France depuis 1988 et a une expérience solide du métier. A la recherche d’un travail depuis peu, il consultait les offres d’emploi publiées dans Le parisien. Quand ce jour du mardi 7 janvier 2003…

L’entreprise ARES fit paraitre l’annonce suivante : « Arès recrute pour Roissy CDG agents de sécurité […] se présenter […] avec CV, pièce d’identité, attestation de sécurité sociale et carte d’électeur ».

 

Le même jour, Monsieur Hervé Bedou téléphona à l’entreprise ARES pour soumettre sa candidature. Une employée lui indiquait qu’en l’absence de nationalité française corroborée par la présentation de la carte d’électeur, sa candidature serait rejetée.

 Monsieur Hervé Bedou, abasourdi, contacta aussitôt l’association SOS Racisme. « Après qu’ils aient vérifié mes dires, en effectuant un testing par téléphone », l’association – en la personne de Monsieur Samuel Thomas, Vice-Président à l’époque – organisa un testing afin d’étayer la discrimination subie, nous confie Monsieur Hervé Bedou lors d’une précédente interview. « Je suis allé au siège de la société ARES, muni d’une caméra cachée, et accompagné par les équipes de TF1. La dame de l’accueil m’a sorti le même argumentaire de visu, comme si c’était normal ». Une plainte fut déposée le 9 janvier 2003 auprès du Procureur de la République de Créteil.

A l’issue de ce marathon judiciaire, Monsieur Hervé Bedou déclarait : « C’est trop facile de les laisser faire, cela a mis du temps mais j’ai gagné mon procès ». En effet, le 16 mai 2008, la Cour d’appel de Paris condamna le représentant de la société à 1000 € d’amende. La société ARES, quant à elle, dut verser 5000 € d’amende et 3000€ de dommages et intérêts. Le 20 janvier 2009, cette décision fut confirmée par la Cour de cassation. « Cette décision est un arrêt de principe qui consacre la discrimination indirecte au pénal » déclarait Maître Jérôme Karsenti, avocat de SOS Racisme et de Monsieur Hervé Bedou.

 Monsieur Hervé Bedou est passé de victime à militant antiraciste. Par son action, il est parvenu à faire entendre sa voix en devenant un acteur engagé dans la lutte contre les discriminations : « il est important que la société française ouvre les yeux. Si ça ne m’était pas arrivé, j’aurais cru à une légende ».

 

Naïla Dzanouni-Brousse de Laborde

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