Aller au contenu principal

egal.fr

 banniére

«Sous-hommes»: violente charge contre Georges Frêche

Vendredi, 1 Décembre, 2006
Logo
Logo

Il n’est donc pas venu. C’était prévisible tant les parties civiles - plus de vingt finalement- ont mis peu d’empressement à réclamer que Georges Frêche vienne s’expliquer devant le tribunal de Montpellier où il était jugé hier pour ses propos sur les « sous-hommes».

«Sous-hommes»: violente charge contre Georges Frêche

 

Il n’est donc pas venu. C’était prévisible tant les parties civiles - plus de vingt finalement- ont mis peu d’empressement à réclamer que Georges Frêche vienne s’expliquer devant le tribunal de Montpellier où il était jugé hier pour ses propos sur les « sous-hommes».

Peut-être était-ce préférable pour la sérénité des débats : les abords du palais, tout comme la salle bondée, étaient suffisamment électriques pour que la présence volontiers tonitruante de Georges Frêche ne vienne pas leur rajouter sa charge.

Mais même sans Georges Frêche, il fallut, entre applaudissements et malaise sérieux aux bancs du public, que la présidente Michèle Monteil use de la menace d’évacuation pour faire régner un calme relatif. Car au delà des subtilités procédurales, il y eut devant ce parterre de harkis, la poitrine parfois barrée de décorations, une vraie émotion.
On revit en effet sur l’écran du prétoire l’incident de Montpellier, ces deux minutes de colère fulminante où furent prononcés les mots de « cocus », de « sous-hommes », de « sans honneur ». On revit l’air absent de Jack Lang, les mines gênées des amis du président de Région. On revécut cette empoignade dont l’écho allait porter si loin. On revit les excuses, le mot « sous- hommes » retiré : il voulait dire « minus ».

Pour les deux défenseurs de Georges Frêche, le bâtonnier André Ferran et Me Gilles Gauer, la relaxe réclamée paraissait bien loin. Il leur fallait plaider l’outrance de certaines parties civiles -- Hitler, Himmler, tout de même... - tenter de démontrer la provocation, circonscrire à deux personnes les mots prononcés et non pas adressés à un groupe... Les témoins de moralité vinrent à leur secours : élus de la mairie de Montpellier - ce que les parties civiles, sarcastiques, n’ont pas manqué de relever - fille de harkis, président du conseil régional du culte musulman, confrère enseignant de la faculté de droit... Tous attestant de la totale absence de racisme de Georges Frêche, ami de la communauté harkie et, souvent, son bienfaiteur.

Mais les parties civiles étaient nombreuses. Et passionnées souvent. Et mêlant des avocats venus de bords politiques opposés. Il n’est pas fréquent, par exemple, de voir au même banc Jean-Jacques Gandini, avocat de la Ligue des Droits de l’Homme et Alain Scheuer ordinaire défenseur de Jacques Blanc. Le tir contre Georges Frêche fut donc nourri. Et émouvant parfois : Me Zined Abdelatif Belaoues manqua finir sa plaidoirie en larmes. Me Chikaoui dit ses souvenirs d’enfant algérien face aux corps suppliciés des harkis. Tir violent aussi : on fit le parallèle entre des mots de Hitler et ceux de Georges Frêche. Me Rigaud, véhément, parla de « frê- chisation des esprits », de « clientélisme, de vulgarité et d’inadmissible ». On ressortit un florilège de déclarations frêchiennes allant des «oreillons » d’une dame au foulard de La Paillade à l’oraison funèbre de Jean-Paul II : «l’autre abruti ». Et ainsi, pendant quatre heures, les vieux routiers de la lutte anti-raciste, vinrent-ils épauler les associations de harkis.
Avec quels effets judiciaires et, au delà, politiques ? Répit de Noël : le jugement a été mis en délibéré.


J. VILACEQUE

Publier un nouveau commentaire

Le contenu de ce champ sera maintenu privé et ne sera pas affiché publiquement.