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L’agence immobiliere avait refuse Florentin l’Africain

Jeudi, 1 Septembre, 2005
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U N PÈRE de famille d’origine ivoirienne et un « Français gaulois » ont-ils les mêmes chances au guichet d’une agence immobilière ? Jamais posée directement, la question a cependant servi de toile de fond au procès pour discrimination examiné hier par la cour d’appel de Paris. En cause : la visite malheureuse de Florentin Kouamé, un chauffeur de taxi ivoirien, dans une agence immobilière du XVe (l’étude Cheuvry) où il souhaitait se renseigner sur une location. « Le propriétaire ne souhaite pas louer aux gens de couleur », lui aurait-on rétorqué à l’époque…

Procès

L’agence immobiliere avait refuse Florentin l’Africain

U N PÈRE de famille d’origine ivoirienne et un « Français gaulois » ont-ils les mêmes chances au guichet d’une agence immobilière ? Jamais posée directement, la question a cependant servi de toile de fond au procès pour discrimination examiné hier par la cour d’appel de Paris. En cause : la visite malheureuse de Florentin Kouamé, un chauffeur de taxi ivoirien, dans une agence immobilière du XVe (l’étude Cheuvry) où il souhaitait se renseigner sur une location. « Le propriétaire ne souhaite pas louer aux gens de couleur », lui aurait-on rétorqué à l’époque… en janvier 2001.Audiencée en février dernier, après des années de procédures, la plainte de Florentin Kouamé s’était soldée par une relaxe des agents immobiliers. « Faute de preuves. » L’affaire a été rejugée hier en appel dans un contexte très particulier. «Celui des incendies à répétition dans les taudis de la capitale, rappelle Samuel Thomas, vice-président de SOS Racisme, partie civile dans le dossier. On peut se demander pourquoi toutes les victimes de ces drames sont d’origine africaine. Cette affaire apporte un élément de réponse. » Et le militant antiraciste de rappeler que les agents immobiliers épinglés ont reconnu lors de leurs auditions que « 80% des propriétaires refusent de louer à des gens de couleur ».

 

« Les propriétaires ne disent jamais qu’ils ne veulent pas de Noirs »

 

Appelée à la barre, Annie Garnier, l’employée de l’agence qui avait reçu la première le chauffeur de taxi ivoirien, réfute le propos. Choquée de se retrouver devant un tribunal pour n’avoir fait que son métier, cette petite femme de

50 ans se défend la main sur le coeur de tout racisme. « D’ailleurs, la femme de mon patron est africaine. Et vous n’imaginez pas le nombre de gens de couleur à qui j’ai trouvé un appartement », martèle-t-elle en indiquant des personnes présentes dans la salle. « Les bailleurs qui sont nos clients nous demandent uniquement des garantis sur la solvabilité des locataires. Je ne me suis préoccupée que des revenus de M. Kouamé. Rien d’autre ! »

 

Renaud Dailly, qui lui succède à la barre, va involontairement dynamiter l’argumentaire. Le jeune homme (35 ans) était en stage dans l’agence de son père à l’époque des faits. Il s’était chargé de mettre les points sur les i auprès d’un M. Kouamé trop insistant. Sourire un peu crispé, il détaille spontanément, presque avec naïveté, les pratiques de la profession.« Les propriétaires ne disent jamais qu’ils ne veulent pas de Noirs. Mais il suffit d’observer les dossiers qui passent pour comprendre. On ne fait que s’adapter aux besoins de nos

clients. »

 

Frémissement dans la salle. Jean-Christophe Tymoczko, l’avocat de Mme Garnier, bondit pour tenter de rattraper le coup. « Parlons de ce dossier précis. Avez-vous refusé le dossier de M. Kouamé pour des questions dorigine ou des questions financières ? Réfléchissez bien. » Renaud Dailly se tait puis balbutie : « Des raisons financières. »

Des précisions qui n’ont visiblement pas convaincu l’avocate générale. Elle a réclamé une peine de prison avec sursis pour les deux agents immobiliers et une amende pour l’agence. Décision le 5 octobre. B.H.

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