Les réactions d’indignation et de colère se sont multipliées, après l’occupation sauvage du toit de la Caisse d’allocations familiales (CAF) de Bobigny, par des militants de Génération identitaire Ile-de-France. Très tôt, ce vendredi, une petite vingtaine de membres de ce groupuscule d’extrême droite sont parvenus à monter sur le toit de l’établissement, avant de déployer une banderole avec ce slogan : « De l’argent pour les Français, pas pour les étrangers ». Certains d’entre eux ont également allumé des fumigènes, en criant : « Stop immigration, stop, stop immigration ».« Par cette action symbolique, Génération Identitaire réclame la suppression de toutes les aides sociales aux étrangers extra-européens », indique ce mouvement dans un communiqué, sur leur site Web. « Chaque année, des milliards d’euros sont ainsi déversés sur les banlieues, via notamment la « politique de la ville », pendant que la France périphérique est délaissée », est-il encore écrit dans le communiqué.
19 personnes interpellées
La police a délogé les militants de Génération identitaire en fin de matinée et placé 19 d’entre eux en garde à vue. Selon les premières constatations, il n’y a pas eu d’effraction. Ce vendredi soir, il est encore trop tôt pour connaître les suites judiciaires. La CAF a d’ores et déjà déposé plainte, dénonçant « une agression » qui « porte atteinte au fonctionnement du service public, mais également à ses valeurs ». L’institution ajoute : « En appelant à restreindre les droits sociaux des étrangers, le groupe Génération identitaire nie l’identité de la branche Famille de la Sécurité sociale. »
« C’est insupportable ! Cette initiative montre à quel point, ces gens se croient autorisés à organiser une action de haine, s’emporte Stéphane Troussel, le président (PS) du conseil département de Seine-Saint-Denis. Ils sont dans un département qu’ils exècrent, un département qui représente un modèle de société qu’ils exècrent : jeune, populaire, mixte et divers. » La municipalité a également condamné l’action de Génération identitaire : « Bobigny est fière de sa diversité, de son multiculturalisme et d’accueillir sur son territoire des administrations qui rendent un service nécessaire à la population
Les syndicats de Seine-Saint-Denis dont les locaux de la bourse du travail sont tout proches de la CAF ont également promptement réagi. « Ce discours haineux, raciste et xénophobe est intolérable », estime Raphaël Breton, secrétaire général de la CFDT93. Très rapidement, des militants syndicaux en particulier de la CGT et de FSU93 ont à leur tour organisé une contre-manifestation devant la CAF, pendant que la police bouclait le périmètre et se préparait à évacuer les membres de Génération identitaire. « Notre manifestation a poussé la police à accélérer son opération, affirme Kamel Brahmi, militant de la CGT 93. Et des habitants sont sortis de chez eux pour nous rejoindre. »
Reza Painchan, secrétaire général de FO93 est également en colère. « C’est une très grosse provocation. Ces gens sont venus provoquer les allocataires et les stigmatiser. » La CAF a dû faire évacuer son personnel et les usagers ont été réorientés vers d’autres sites pour y être accueillis, notamment vers Saint-Denis, Rosny-sous-Bois et Aulnay. Le site de Bobigny a rouvert vers 13 heures.
Six syndicats appellent à un rassemblement départemental unitaire, ce mercredi 3 avril, à 12 h 30, sur le parvis de la préfecture de Bobigny.
LA DISSOLUTION DE CE GROUPUSCULE RECLAMEE
Stéphane Troussel, le président (PS) du conseil départemental de Seine-Saint-Denis ne veut pas en rester là. « Il y a urgence, explique-t-il. Je demande au ministre de l’Intérieur, la dissolution de ce groupuscule pour incitation à la haine, propos xénophobes et trouble à l’ordre public. » Dans un communiqué, il qualifie le mouvement « d’idiot utile de Marine Le Pen ». SOS racisme a également demandé la dissolution.
« Cette question est un peu prématurée car les faits ne datent que de ce matin et l’affaire relève maintenant de l’autorité judiciaire, répond le cabinet du préfet de Seine-Saint-Denis. Il y a eu une réponse de fermeté puisque les 19 individus ont été délogés et placés en garde à vue. Les matériels ont été saisis et remis à la justice. » Le ministère de l’Intérieur n’a en revanche pas répondu à nos sollicitations, sur ce sujet de la dissolution.
Vendredi après-midi, la Maison des potes - Maison de l’Egalité a adressé une plainte auprès du procureur de la République et « entend se constituer partie civile ». Stéphane Peu, député PC de Seine-Saint-Denis a également écrit au parquet pour qu’il engage des poursuites.