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Discriminations : le gouvernement se concentre sur la com

Vendredi, 1 Avril, 2016
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Quatre ministres et secrétaires d'Etat étaient présents ce matin au ministère du Travail pour un exercice d’autosatisfaction et présenter la campagne de l’Etat pour lutter contre les discriminations à l’embauche.

Tenter de rattraper les promesses non tenues. Et surtout le montrer. Ce lundi matin, au ministère du Travail, ils étaient quatre membres du gouvernement face à une assemblée de responsables d’associations ou d’entreprises engagées dans les questions de diversité et d’«égalité des chances» pour faire le travail de «communication» sur la «lutte contre les discriminations à l’embauche». «A l’embauche» et pas «lutte contre les discriminations» tout court : la gauche ayant enterré le récépissé de contrôle au faciès au début du quinquennat devant la levée de bouclier des syndicats policiers.

Le champ de cette «lutte» est donc circonscrit au «travail». «On le fait. Il y a un travail qui existe aujourd’hui dans les entreprises», attaque le ministre de l’Economie, Emmanuel Macron, avant de partir pour «une réunion à Bruxelles». «Des avancées se sont réalisées. Il faut maintenant accélérer, intensifier», ajoute-t-il. La nouvelle secrétaire d’Etat chargée de l’égalité réelle, Ericka Bareigts, insiste, elle, sur la «prévention» à mener, notamment à l’occasion des stages en classe de troisième, «un moment assez violent» pour un jeune confronté à sa «différence». Puis, les intervenants déroulent quelques solutions : le testing, l’utilisation du CV vidéo (plutôt qu’anonyme, dont le caractère obligatoire à été mis au placard par le gouvernement), le «label diversité»…

«Nous avons là l’alchimie de ce qu’est une embauche», s’enthousiasme le ministre de la Jeunesse, de la Ville et des Sports, Patrick Kanner, qui souhaite «bâtir un écosystème contre les discriminations». Tout va bien donc. L’exercice d’autosatisfaction se poursuit : «C’est donner plus de chances à ceux qui en ont moins», poursuit l’élu du Nord. Pas une seule critique sur la politique menée venue de la salle. Pas une voix invitée dans les tables rondes pour porter la contradiction aux ministres. «Aujourd’hui, nous pouvons constater que nous avons tenu nos engagements», déclare la ministre du Travail, Myriam El Khomri, avant de dévoiler la nouvelle campagne de sensibilisation de l’Etat contre les discriminations à l’embauche (avec le hashtag #LesCompetencesDabord).

«Politique de pas microscopiques»

 

Certaines associations reprocheront vite au gouvernement de se réveiller un peu tard sur le sujet (à un an de la présidentielle). El Khomri, pour sa part, préfère insister sur la grande campagne de testing en entreprises annoncée par l'exécutif. Elle promet d’engager «un dialogue bilatéral avec les entreprises testées» et «exigera» que «des décisions soient prises». Sinon, «je serai intraitable et n’hésiterai pas à publier les noms». Pas sûr que cela suffise à renouer si vite avec une partie de cet électorat socialiste déçu sur les promesses d’«égalité».

Délégué général de la Fédération nationale des maisons des potes, Samuel Thomas, critique à la sortie de la salle «une politique de pas microscopiques qui ressemble à un rétropédalage». «Plébisciter le CV vidéo et abandonner le CV anonyme, c’est reculer dans ce combat qui a commencé après les émeutes de 2005», dénonce-t-il. «Nous n’avons pas rendu le CV anonyme obligatoire pour permettre la diversification des réponses. Et puis, au moment du premier entretien, l’anonymat n’existe plus», rétorque Patrick Kanner. Samuel Thomas a une autre critique : celle de l’absence de sanctions pour les entreprises testées et qui pratiqueraient une politique d’embauche discriminatoire. «On renonce à contraindre les entreprises qui pratiquent la discrimination sous prétexte qu’elles ne veulent pas de sanction, fait-il valoir. Or, toutes ces propositions étaient dans le programme “Egalité réelle” du PS en 2011.»

Lilian Alemagna

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