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Ses propos sur les harkis sont "racistes", estime le procureur

Vendredi, 1 Décembre, 2006
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C'est sans Georges Frêche que s'est tenu, jeudi 30 novembre, au tribunal correctionnel de Montpellier, le procès qui visait ses propos tenus le 11 février à l'encontre de deux fils de harkis. Lors d'une cérémonie à la mémoire de Jacques Roseau, le leader pied-noir assassiné en 1993, le président PS de la région Languedoc-Roussillon avait traité ces deux personnes de "sous-hommes".

 

 

Ses propos sur les harkis sont "racistes", estime le procureur

LE MONDE | 01.12.06 | 15h07  •  Mis à jour le 01.12.06 | 15h07

MONTPELLIER CORRESPONDANT

C'est sans Georges Frêche que s'est tenu, jeudi 30 novembre, au tribunal correctionnel de Montpellier, le procès qui visait ses propos tenus le 11 février à l'encontre de deux fils de harkis. Lors d'une cérémonie à la mémoire de Jacques Roseau, le leader pied-noir assassiné en 1993, le président PS de la région Languedoc-Roussillon avait traité ces deux personnes de "sous-hommes". Les nombreuses parties civiles - plus de vingt - n'ont rien fait pour demander la présence de Georges Frêche, qui était représenté par ses avocats. Une centaine de harkis s'étaient massés devant les grilles du palais de justice, accompagnés de banderoles stigmatisant ses propos.

Dans le prétoire, l'atmosphère n'était pas moins électrique : une douzaine d'avocats, représentant aussi bien des associations de harkis que les organisations de lutte contre le racisme - MRAP, Ligue des droits de l'homme, SOS-Racisme - ont longuement développé les propos de M. Frêche.

Comparaison avec des propos tenus par Hitler sur les Slaves, accusation de clientélisme, rappel que les termes employés étaient ceux utilisés par le FLN à l'encontre des harkis : la charge, quatre heures durant, a été rude.

Mais ce sont les avocats issus de cette communauté, Me Zined Abdelatif Belaoues en particulier, qui, jouant sur l'émotion, ont sans doute été les plus efficaces : "Quand j'ai allumé ma télévision et que j'ai entendu ce mot, j'ai pleuré, dit-elle. Et ma petite fille m'a dit : "Mais alors, mon grand-père, ce n'était pas un homme ?""

Le procureur de la République, Olivier Decout, a repris ces arguments au bond. Estimant que l'injure s'adressait à deux hommes mais "touchait la communauté tout entière", il a renchéri : "Je ne sais pas si M. Frêche est raciste - je ne le crois pas - mais il a tenu des propos racistes. Et il faut sanctionner ces injures scandaleuses." Et requis une peine d'amende de 15 000 euros - le code pénal ouvre une possibilité d'amende jusqu'à 22 500 euros - et la publication du jugement aux frais de M. Frêche.

Douche froide sur les bancs où se pressaient de nombreux amis de Georges Frêche. Et tentative, au creux de la nuit, du bâtonnier André Ferran pour renverser la tendance et demander la relaxe de son client au nom de l'outrance et du simple dérapage verbal à l'encontre d'un homme sous le coup de la colère. "Je veux un procès équitable", a dit l'avocat.

Le tribunal a mis son jugement en délibéré au 25 janvier 2007.

 

Jacky Vilacèque "Midi libre" pour "Le Monde"

Article paru dans l'édition du 02.12.06

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