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Profanation d'un cimetière juif en Alsace : prison avec sursis pour les auteurs

Vendredi, 15 Septembre, 2017
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Ce saccage de très grande ampleur avait provoqué en février 2015 une vive indignation au niveau national, conduisant le président François Hollande à se rendre sur place à Saverne (Bas-Rhin).

Ce saccage de très grande ampleur avait provoqué en février 2015 une vive indignation au niveau national, conduisant le président François Hollande à se rendre sur place à Saverne (Bas-Rhin).

Cinq jeunes hommes ont été condamnés vendredi à Saverne (Bas-Rhin) à des peines de 8 à 18 mois de prison avec sursis pour avoir saccagé, alors qu'ils étaient encore adolescents, quelque 250 tombes dans le cimetière juif de Sarre-Union en février 2015.


Le tribunal pour enfants «a suivi à 100% les réquisitions du procureur», a précisé Me Simon Burkatzki, l'avocat de la Licra, à l'issue de ce procès qui s'est tenu à huis clos, les prévenus étant tous mineurs au moment des faits. Ils comparaissaient pour profanations et dégradations de sépultures «en raison de l'appartenance des personnes décédées à une religion déterminée», en l'occurrence le judaïsme. Des centaines de stèles avaient été renversées, certains tombeaux avaient été ouverts, et les profanateurs avaient uriné sur certaines sépultures.


La peine la plus lourde, soit 18 mois avec sursis, a été prononcée à l'encontre de l'homme considéré comme le «meneur». Trois autres prévenus ont écopé d'un an de prison avec sursis, et le dernier de huit mois avec sursis. Les cinq hommes devront en outre effectuer chacun 140 heures de travaux d'intérêt général (TIG).

Des doutes sur la sincérité de leurs regrets

Pendant les deux jours de débat, les prévenus «ont exprimé leurs regrets», mais ceux-ci «semblent superficiels», a regretté Me Burkatzki. «Leur thèse c'est qu'ils ne sont pas foncièrement antisémites, qu'ils ont commis une erreur, une bêtise, un délire entre potes», a rapporté l'avocat. «Je suis réservé face à ce discours, car ils ont davantage évoqué les conséquences de leurs actes pour eux-mêmes et leurs familles - en disant par exemple que leur vie était foutue - que pour les victimes», a-t-il ajouté.


«Nous ne croyons pas du tout à la sincérité de ce repentir», a tranché Samuel Thomas, représentant d'une autre partie civile. «Personne ne peut croire qu'ils ont décidé ça sur un coup de tête au dernier moment», a ajouté M. Thomas, vice-président de l'association anti-raciste «La Maison des potes», qui a estimé les peines «beaucoup trop clémentes».

 

«Saluts nazis», «crachats»...

Ce saccage de très grande ampleur avait provoqué une vive indignation au niveau national, conduisant le président François Hollande à se rendre sur place. «Profaner, c'est insulter toutes les religions», avait-il proclamé, lors d'une cérémonie de recueillement organisée en présence de nombreux responsables politiques et religieux.


Les suspects avaient été interpellés quelques jours après les faits, après que l'un d'eux se fut rendu de lui-même à la gendarmerie, effrayé par le retentissement médiatique de l'affaire. Le procureur avait alors expliqué que le mobile antisémite de leur acte était avéré, puisqu'ils avaient décrit au cours de leurs auditions des «gestes et paroles révélatrices», comme des «saluts nazis», des crachats sur des symboles juifs, ou le fait d'avoir prononcé «sales juifs», «sale race», «Heil Hitler» ou «Sieg Heil».


Le tribunal a par ailleurs renvoyé au 24 novembre sa décision sur l'aspect civil du dossier. Le Consistoire du Bas-Rhin, en charge de l'entretien du cimetière, a notamment demandé que les cinq jeunes hommes soient condamnés à payer les frais de remise en état des tombes. Deux ans et demi après les faits, ce chantier évalué à plus de 850 000 euros n'a pratiquement pas commencé.
 

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