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Les noms à consonance maghrébine, source de discrimination à l'embauche

Dimanche, 1 Janvier, 2017
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Une grande étude montre les rejets des CV des candidats d'origine maghrébine dans les grandes entreprises françaises.
Les noms à consonance maghrébine, source de discrimination à l'embaucheUne grande étude montre les rejets des CV des candidats d'origine maghrébine dans les grandes entreprises françaises.Crédit : JAUBERT/SIPACV (illustration)PAR AYMERIC PARTHONNAUD , AVEC AFP PUBLIÉ LE 12/12/2016 À 17:3929Partages      

Une campagne nationale de "testing", menée par le gouvernement auprès de grandes entreprises, a mis en évidence de fortes discriminations envers les candidats d'origine maghrébine chez 30% des employeurs testés. Un constat qui met à mal la "promesse d'égalité républicaine", selon la ministre du Travail Myriam El Khomri. "Ce testing, d'une ampleur inédite dans notre pays, montre bien que l'inégalité de traitement à l'embauche est criante", a réagi Myriam El Khomri lors d'une conférence de presse, qualifiant ces discriminations de "faute morale" et "d'absurdité économique".

Entre avril et juillet, le cabinet ISM Corum a testé, pour le ministère du Travail, 40 grandes entreprises (plus de 1.000 salariés). Pour chacune, elle a répondu à entre 30 et 40 offres d'emploi, en envoyant deux candidatures "rigoureusement équivalentes" (sexe, âge, lieu de résidence, nationalité française, expérience, formation), avec pour seule différence un nom à consonance "hexagonale" ou "maghrébine". 


Au total, 3.000 CV ont été envoyés en réponse à 1.500 offres, pour des postes d'employés ou de managers. Résultat :12 des 40 entreprises se sont rendues coupables de discriminations envers les candidatures "maghrébines". Dans ces entreprises, le taux de réponses positives des "maghrébins" a été inférieur de 15 à 35 points à celui des "hexagonaux". Ces résultats ne peuvent toutefois pas être extrapolés à l'ensemble des grandes entreprises françaises, l'échantillon n'étant pas représentatif. 

Parmi les mauvais élèves, "aucun n'a remis en cause les résultats" du testing, selon son cabinet, qui souligne par ailleurs que "certains, qui avaient déjà mis en oeuvre des programmes de promotion de la diversité, sont tombés de leur chaise" à l'écoute des résultats. À l'automne, le cabinet de la ministre a reçu chaque entreprise testée et demandé des "plans d'actions correctives". Ceux-ci seront examinés par un cabinet d'audit, auquel pourrait être associé le Défenseur des droits. "Si ce ne sont que des mesures cosmétiques, je n'hésiterai pas à désigner publiquement" les entreprises fautives, a redit Myriam El Khomri. Son cabinet recevra de nouveau toutes les entreprises "d'ici à la fin janvier". 

D'impossibles poursuites judiciaires

Toutes entreprises confondues, 47% des candidatures "hexagonales" ont décroché un entretien, contre seulement 36% des candidatures "maghrébines", soit un écart moyen de 11 points. Les écarts en défaveur des candidatures 'maghrébines' s'observent pour les recrutements d'employés (12 points) comme de managers (9 points), qu'ils s'agisse d'hommes (12 points) ou de femmes (10 points). "L'inégalité de traitement selon l'origine supposée est une tendance de fond", estime Myriam El Khomri, qui a souhaité que des campagnes de testing soit désormais menées "tous les ans" par le ministère. L'étude met toutefois en évidence que, dans 71% des cas, les deux candidatures ont connu le même sort : aucune réponse (33%), refus (11%) ou réponse positive (27%). 

La Maison des Potes, membre du groupe de dialogue contre les discriminations à l'origine du testing, a demandé dans un communiqué que les "résultats détaillés soient remis au procureur de la République" pour "faire comparaître (les auteurs) devant le Tribunal correctionnel". Le testing repose sur "des candidatures fictives, donc nous ne pouvons pas, dans ce cadre, mettre en oeuvre des mesures de justice", a répondu Myriam El Khomri. "Ce ne sont pas de vraies personnes qui ont candidaté et qui ont été discriminées, donc sur le plan juridique, nous partons battus d'avance", a complété son cabinet. 

Un employeur coupable de discrimination risque jusqu'à trois ans de prison et 45.000 euros d'amende. Il ne s'agit pas du premier testing mettant en évidence ce type de discriminations. Selon une étude de l'Institut Montaigne publiée fin 2015, les hommes perçus comme musulmans pratiquants ont quatre fois moins de chances d'être convoqués en entretien d'embauche que les hommes perçus comme catholiques pratiquants.

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