
Deux nouveaux fichiers à la disposition de la police
Jean-Marc Ducos | 19.10.2009, 07h00
Les forces de l’ordre disposent désormais de deux nouveaux fichiers. Ils remplaceront le controversé système Edvige retiré par le gouvernement en novembre 2008. Présentés comme des outils à la disposition des enquêteurs, ces fichiers créés par deux décrets, publiés hier au « Journal officiel », sont consacrés d’une part à la prévention des violences urbaines et d’autre part à l’identification des personnes postulant à un emploi dans des secteurs sensibles.
Dans ces
fichiers, officiellement appelés « bases de données », les mentions relatives à
l’orientation sexuelle et la santé mais aussi à l’origine ethnique des
personnes fichées ont été gommées.
Des réserves émises
Les syndicats de police ont aussitôt manifesté leur satisfaction. « Depuis plus
d’un an, nous étions dans un vide juridique et les derniers événements de
violences à Poitiers ont démontré qu’il y avait un manque de
collecte d’informations », note Dominique
Achispon, le secrétaire général du Syndicat national des officiers de police.
Bruno Beschizza, le patron du syndicat Synergie, note cependant que « ces
fichiers seront moins efficaces que ne l’était Edvige » mais fait remarquer que
ces bases ont été « passées au crible du groupe de contrôle des fichiers
rassemblant des organisations telles que des Syndicats de magistrats, la Haute
Autorité contre les discriminations et la Commission nationale informatique et
liberté (Cnil) ».
La Cnil (Commission nationale informatique et libertés) a d’ailleurs avalisé la
création de ces fichiers. Alain Bauer, criminologue proche de Nicolas Sarkozy,
se félicite d’avoir obtenu « un compromis équilibré entre protection des
libertés individuelles et protection de la sécurité ».
« Nous sommes arrivés à quelque chose de convenable », retient Patrick Gaubert,
le président de la Licra (Ligue internationale contre le racisme et
l’antisémitisme) qui se dit en revanche « réservé » sur le fichage des mineurs.
La secrétaire nationale du PS en charge de la sécurité, Delphine Batho, fustige
pour sa part la méthode employée, à savoir la création de ces fichiers par «
simple décret ». A SOS Racisme, la possibilité de ficher l’origine géographique
ulcère Samuel Thomas : « Cela permettra de mentionner l’origine africaine ou
algérienne. » Le plus sévère reste toutefois le président de la Ligue des
droits de l’homme, Jean-Paul Dubois, pour qui « la France viole la convention
des droits de l’enfant ». Ces deux fichiers trahissent selon lui « la peur des
jeunes » qui règne au gouvernement.
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Le Parisien
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