Cour d'appel. Le maire de Béziers a comparu mercredi pour « provocation à la haine ». Robert Ménard est-il raciste ? Personne ne lui a posé la question, mais le maire de Béziers a tenu à y répondre mercredi, lors de sa comparution devant la cour d'appel de Paris. L'édile, condamné à 2 000 euros d'amende en avril dernier, devait répondre de deux propos publics. Un tweet, publié le 1er septembre 2016, dont le message était : « #rentréedesclasses : la preuve la plus éclatante du #GrandRemplacement en cours. Il suffit de regarder d'anciennes photos de classe. » Et une déclaration, faite quatre jours plus tard sur LCI : « Dans une classe de centre-ville de chez moi, il y a 91 % d'enfants musulmans. Évidemment que c'est un problème. » Rien de raciste dans tout cela, assure Robert Ménard, qui s'est longuement défendu à la barre : « Je n'ai aucune mauvaise pensée, je décris simplement la réalité de ma ville. » La présidente s'interroge pourtant sur l'emploi du hashtag « #Grand Remplacement » , un concept dénonçant la substitution d'un peuple par un autre, théorisé par l'écrivain Renaud Camus et adopté par l'extrême droite française. « Bien sûr qu'il y a un remplacement d'une population par une autre, réaffirme Robert Ménard. On le constate tous les jours. Et oui : les photos de classe ne ressemblent plus à celles de 1970 ou 1954. Je ne vois pas en quoi ce serait un délit de le dire ! » La peur et le rejet de l'autre Samuel Thomas, représentant de La Maison des Potes et partie civile au procès, estime au contraire que les propos de Robert Ménard contribuent « à semer la haine » et illustrent « le fantasme d'une époque où Béziers aurait été pure ». Même son de cloche du côté de la Licra, qui dénonce des paroles alimentant « la peur et le rejet de l'autre ». Enfin, les sept associations représentées à l'audience considèrent comme « intolérable de s'en prendre à des enfants ». Si l'avocate générale ne dénie pas au maire de Béziers « le droit de débattre de tout », elle considère toutefois « qu'on ne peut pas tout dire au nom de la liberté d'expression » . Pour le ministère public, faire référence au « Grand Remplacement » , c'est convoquer « une théorie complotiste qui vise les communautés du Maghreb et d'Afrique noire » . En conséquence, elle réclame la même peine qu'en première instance - une amende de 2 000 euros - pour les faits de « provocation à la haine et à la discrimination ». Elle n'a en revanche pas demandé de peine d'inéligibilité, au grand dam de La Maison des Potes, qui en avait fait son cheval de bataille. William Goldnadel, avocat de Robert Ménard, ne s'arrête pas à ce détail. Pour lui, il est de toute façon « impossible de condamner » son client. « On doit pouvoir discourir librement de problématiques telles que l'immigration, clame-t-il. Bien sûr qu'il y a un problème d'immigration en France ! Et Robert Ménard est justement pour une politique migratoire tempérée et apaisée. » Le principal intéressé, lui, n'en démord pas : « Je suis sûr que ce que je dis est la vérité, et je suis sûr d'avoir raison de le dire. » La cour d'appel rendra sa décision le 14 mars prochain. SAMUEL RIBOT/ALP Le maire de Béziers, ce mercredi, devant la cour d'appel, persiste dans ses déclarations. PHOTO ALP
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Jeudi, 8 Février, 2018
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