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« Pas de noirs, pas d’arabes » : les agents immobiliers condamnés

Jeudi, 7 Février, 2019
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Deux hommes — un père et son fils — ont écopé hier de deux et quatre mois de prison avec sursis après avoir refusé de louer des biens à des personnes d’origine étrangère.

Faire des catégories raciales pour refuser de louer des biens à des personnes d’origine étrangère, ce sont les faits qui sont reprochés à David, gérant d’une agence immobilière de Palaiseau, et à son père, qui est désormais retraité. Hier, ils ont été condamnés à deux et quatre mois avec sursis respectivement.

« Pas de noirs, pas d’arabes » : les agents immobiliers condamnés Deux hommes — un père et son fils — ont écopé hier de deux et quatre mois de prison avec sursis après avoir refusé de louer des biens à des personnes d’origine étrangère.

Par Pauline Darvey « Nous, citoyens français, qu’est-ce qu’on a fait pour mériter d’être relégués au second rang à cause de notre couleur de peau ? » Sur le banc des parties civiles, hier, Aissata interpelle d’une voix tremblante les deux prévenus. A la barre, Guy, 71 ans, et son fils de 50 ans, David, lui tournent le dos, le regard dans le vide. « J’aimerais comprendre pourquoi ils ont fait des catégories », implore encore la victime. Faire des catégories raciales pour refuser de louer des biens à des personnes d’origine étrangère, ce sont les faits qui sont reprochés à David, gérant d’une agence immobilière de Palaiseau, et à son père, qui est désormais retraité. Hier, ils ont été condamnés à deux et quatre mois avec sursis respectivement. Fin 2005, Aissata cherche à louer un F3 à Palaiseau. Son dossier est accepté. Mais quand elle se rend à l’agence pour signer le bail, on lui indique que ce ne sera finalement plus possible. « La dame avait l’air très gênée, se souvient la plaignante. Je lui ai dit : J’espère que vous ne faites pas de discrimination. » Mais Aissata n’a aucune preuve. Arnold, lui aussi sur le banc des parties civiles, ne se doutait de rien quand on lui a dit que la maison à Villebon qu’il voulait louer était finalement toujours occupée par le locataire. « Je me suis dit que ce n’était pas de chance… » une employée filme le patron à son insu pour faire éclater la vérité C’est l’une des salariées de l’agence qui fera finalement éclater l’affaire. Embauchée en CDD en novembre 2005 après une longue période de chômage, Patricia affirme qu’elle a reçu dès son premier jour reçu des consignes discriminatoires de la part de Guy. « Pas de noirs, pas de jaunes et pas d’arabes », lui aurait ordonné le patron à l’époque. Rapidement, la chargée de clientèle juge cette situation intenable. Samuel Thomas, vice-président de la Maison des potes qui avait déposé plainte en tant que vice-président de SOS Racisme en février 2006, lui propose alors retourner voir son patron équipé d’une caméra cachée et de lui demander de réitérer ses ordres discriminatoires. Les images, tournées le 12 janvier 2006, sont diffusées quelques semaines plus tard sur France 3. « Est-ce que vous reconnaissez ces ordres ? », interroge Samuel Thomas. « Non », répond sèchement le prévenu, avant que son fils ne vienne à sa rescousse. « C’est une vidéo faite à l’insu de mon père, entre deux portes, alors qu’il devait partir en rendez-vous », s’offusque-t-il. En septembre 2005, Issa, ingénieur, et sa femme Sylvie visitent un appartement. « On leur dit d’abord que c’est l’assurance qui pose un problème, précise leur avocate Caroline Elkouby-Salomon. Puis on leur dit que finalement le propriétaire va louer le bien à son neveu. » Pourtant l’annonce est encore en ligne et lorsqu’un couple d’amis d’Issa et Sylvie appelle, le bien est étrangement disponible. Et le neveu n’a en réalité jamais existé… « En fait, on a favorisé un locataire qui louait déjà un appartement dans notre agence », justifie le fils. Tout au long de l’audience, les deux prévenus nient les faits et tentent d’expliquer. Aissata ? « A priori, Madame avait un revenu de 1 000 €, indique-t-il au tribunal. Est-ce qu’on peut raisonnablement louer un appartement à 800 € à quelqu’un qui gagne cette somme ? » Pour la procureure, Camille Cosquer, aucun doute : « Le seul élément qui permet de comprendre pourquoi on a rejeté ces différents dossiers, c’est la couleur de peau de ces personnes. Rien d’autre. » « Un procès essentiel » et « trop rare » pour ce type de faits, selon la magistrate, qui avait requis huit mois de prison avec sursis.

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