Malika a retrouvé sa dignité
Logement. · Toulouse, une gérante d'agence immobilière et un propriétaire ont été condamnés pour discrimination raciale à la location.
" Je ne peux pas louer à des gens de couleur. " Cette petite phrase, glissée au détour d'une conversation téléphonique enregistrée par SOS Racisme, coûtera cher à son auteur, Mme Maurel, gérante de l'agence CIT, à Toulouse, ainsi qu'à M. Labatut, le propriétaire de l'appartement qui aurait fait les beaux jours de Gilles et Malika. Mercredi, le tribunal de grande instance de la ville rose a tranché : chacun des discriminateurs a été condamné à verser 3 000 euros d'amende, 1 000 euros de dommage et intérêt à Malika Hamou ainsi que 750 euros pour ses frais d'avocats. L'association antiraciste, qui s'était portée partie civile, percevra également un total de 1 100 euros.
Le jeune couple d'universitaires a donc gagné. Ou plutôt regagné sa dignité, lourdement entachée par des propos affligeants qui révèle une conception raciste de l'accès au logement privé. Aujourd'hui, Malika et Gilles ont pu se loger grâce à l'aide d'amis. Mais le contexte toulousain semble particulièrement difficile depuis l'explosion d'AZF, qui n'a fait que renforcer les pratiques discriminatoires face aux nombreuses demandes de relogement. Lors de l'audience du 29 janvier, la gérante de l'agence avait indiqué qu'elle ne faisait qu'obéir aux consignes du propriétaire, mais la représentante du parquet avait refusé de distinguer entre les deux. Le juge a confirmé cette appréciation des torts en dernière instance. Cette double condamnation représente une grande victoire pour l'égalité des droits des candidats au logement. Et une double satisfaction pour SOS Racisme. " Le tribunal a, d'une part, validé le testing téléphonique en prenant en compte la cassette enregistrée et il a aussi fait savoir aux propriétaires qu'ils ne pourront plus se cacher lâchement derrière leurs agences, qui n'ont aucune raison de faire des discriminations à moins d'avoir reçu des consignes ", indique Samuel Thomas, son vice-président.
Depuis deux ans, une soixantaine de plaintes ont été déposées par l'association. La moitié concerne le parc locatif privé et cinq ont déjà abouti avec un taux de réussite de 100 %. · l'inverse des plaintes dénonçant les pratiques de certains organismes gestionnaires de logements sociaux qui n'ont, jusqu'à présent, connu aucune suite. SOS Racisme promet de nouvelles affaires dans les semaines à venir. Et l'épisode toulousain pourrait bien servir d'exemple.
Ludovic Tomas
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