
Refus de louer à un Africain : l'agent immobilier condamné
Un agent immobilier parisien, qui avait refusé en 2001 de louer un appartement à un Ivoirien sous prétexte que le propriétaire ne voulait pas de « gens de couleur », a été condamné hier en appel pour discrimination, un jugement salué par SOS Racisme.
La 11e chambre de
la cour d'appel de Paris a condamné Annie Garnier, 60 ans, à 2.000 euros
d'amende, infirmant un jugement de première instance qui avait prononcé sa
relaxe.
L'agent immobilier et son employeur, l'Etude de Cheuvry, une agence
immobilière du XVe arrondissement de Paris, ont été en outre condamnés à verser
un euro de dommages et intérêts au plaignant et 1.000 euros à l'association SOS
Racisme, partie civile.
Le «stagiaire» relaxé
La cour a en
revanche confirmé la relaxe de Renaud Dailly, 35 ans, fils du gérant de
l'agence qui était en stage à l'époque des faits et donc « dépourvu de
tout pouvoir de décision », selon les termes de l'arrêt.
Dans ses réquisitions, lors de l'audience en appel, le 31 août, l'avocat
général avait réclamé contre les deux prévenus de la prison avec sursis, sans
en préciser la durée, et une amende au moins égale à 5.000 euros.
Annie Garnier était poursuivie pour avoir déclaré en 2001 à Florentin
Kouamé, artisan-taxi de 47 ans de nationalité ivoirienne, qui souhaitait louer
un appartement, que la propriétaire ne voulait « pas louer à des gens de
couleur ».
La propriétaire, qui n'était pas poursuivie, avait réfuté devant les
policiers, lors de l'enquête, avoir eu de telles exigences. L'agent immobilier
avait également nié devant la cour avoir tenu de tels propos discriminatoires
et invoqué les revenus insuffisants du chauffeur de taxi pour justifier le
refus de location.
Dans son arrêt, la cour a estimé hier que la candidature de M. Kouamé
avait été « écartée a priori » sans avoir été « ni présentée au
propriétaire ni même prise en compte » par l'agence. Constatant que le
plaignant « n'a été à aucun moment invité à justifier ses revenus »,
la cour a jugé que « ce n'est manifestement pas pour des motifs
financiers, contrairement à ce que prétend Mme Garnier, que la candidature a
été écartée ».
SOS Racisme satisfait
Le gérant de l'agence immobilière, à l'issue de la lecture de l'arrêt, a réfuté toute accusation de racisme, arguant du fait que son fils et lui vivaient avec des personnes de couleur.
Le
vice-président de SOS Racisme, Samuel Thomas, a exprimé sa satisfaction après
ce jugement « très encourageant ».
Il a insisté sur le fait qu'il s'agit dans ce type d'affaire « non
pas de juger le racisme mais des comportements discriminatoires » :
« Cela vaut le coup de se battre jusqu'au bout ».
© Dernières Nouvelles d'Alsace - Jeu 6 oct. 2005
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