MEDIS (CHARENTE-MARITIME)
Le
camping fixait des quotas
Le camping les Chênes n'acceptait pas « les groupes composés à
plus de 50 % d'enfants de couleur ». L'affaire remonte à un an. SOS-Racisme
porte plainte pour discrimination raciale
Par
: BENOIT DURAND
Dans
un courrier, le propriétaire du camping les Chênes affirme que son
établissement n'accepte pas les groupes « composés à plus de 50 % d'enfants
de couleur »
(Photo
Stéphane Papeau)
L'association SOS-Racisme s'est prêtée à de nombreux
contrôles à l'entrée des campings de la côte atlantique durant l'été. Une
affaire de discrimination raciale, relayée dans « le Monde » du 18 août
dernier, a ainsi éclaté au grand jour à Pornichet. Le Sud-Ouest n'est pas
épargné : l'association vient de porter plainte contre un camping de Médis.
CONTACT EN MARS 2000
L'affaire date de l'année
dernière. Afin de préparer les vacances des jeunes du quartier, le foyer
Guy-Chevrot, de Laval, contacte en mars 2000, le camping les Chênes, à Médis
(17). Quelques jours plus tard, le foyer se voit répondre que le camping
accepte leur venue à certaines conditions dont une, écrite noir sur blanc, et
qui a de quoi surprendre tout le monde : le camping n'accepte pas « les groupes
composés à plus de 50 % d'enfants de couleur, afin d'éviter les clans ».
L'équipe éducative du foyer
Guy-Chevrot considère que la mesure est discriminatoire et contacte, en juin
2000, la Commission d'accès à la citoyenneté (CODAC) de la Mayenne qui prend
l'affaire en main. Le dossier est transmis à la CODAC de La Rochelle, puis au
procureur de la République de Saintes qui ouvre une information.
Une fois les éléments réunis,
il transmet le dossier à la préfecture de La Rochelle, en avril 2001, afin
d'obtenir l'avis du préfet. Et depuis, plus de nouvelles. L'association
SOS-Racisme a donc décidé de solliciter directement au procureur de la
République de Saintes, le 24 août dernier, afin de relancer l'affaire.
DOSSIER AU POINT MORT
« Le dossier est au point
mort. Voilà maintenant quatre mois que tous les éléments sont à la préfecture
de La Rochelle et rien ne se passe. Pourtant c'est une nouvelle fois un cas
flagrant de discrimination raciale; c'est un délit qui doit être réprimé », explique Samuel Thomas, vice-président de SOS-Racisme.
L'association espère que « des sanctions exemplaires » seront prises à
l'encontre du camping. « Le cas de Médis n'est malheureusement pas isolé et
bon nombre de campings de la côte atlantique pratiquent la discrimination
raciale, poursuit Samuel Thomas. Mais les CODAC ont souvent tendance à enterrer
les dossiers ou bien à préférer une médiation qui ne donne jamais rien ». Le
procureur de la République de Saintes assure, lui, que l'affaire sera traitée
le plus rapidement possible.
De son côté, Jean-Claude
Collin, propriétaire du camping, se défend totalement d'avoir des pratiques à
caractère discriminatoire. « Nous ne sommes pas du tout racistes ! Mon but
est avant tout de garantir la tranquillité des résidants. Nous sommes un des
derniers campings à accepter les groupes mais là, je crois que je vais
complètement arrêter d'en recevoir. Je ne veux pas qu'on m'oblige à accepter
des personnes qui vont saccager mon camping et perturber la tranquillité des
clients ». Et le propriétaire du camping de mettre ensuite en doute la
qualité de l'accompagnement des jeunes. « En plus, ils sont toujours mal
encadrés et forment des clans ethniques. Ils ne s'intègrent pas. Mais je me
défendrai sur cette affaire ! » Le propriétaire du camping devrait en avoir
l'occasion prochainement. Avis du préfet ou non, SOS-Racisme compte en effet se
porter partie civile dans l'affaire. On s'oriente donc vers un procès qui
pourrait avoir lieu au tribunal correctionnel de Saintes.
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