

Société / SOS Racisme tire la sonnette d'alarme
Le fichage ethnique a la vie dure
L'association SOS-Racisme a remis hier un rapport sur le fichage ethnique repéré dans une quinzaine d'entreprises ou d'offices HLM. Elle déplore le manque de poursuites contre ce délit, dont elle s'emploie à prouver l'utilisation à des fins discriminatoires.
« La Commission nationale informatique et
libertés (Cnil), l'Inspection du travail et les autorités judiciaires se
montrent peu enclines à collaborer avec SOS Racisme », accuse Samuel
Thomas, vice-président de SOS Racisme et auteur du rapport « Le fichage
ethno-racial : un outil de discrimination ».
« Or, les entreprises que l'on épingle pour fichage ethnique ont
décidé de satisfaire une clientèle qui trouve qu'il y a overdose de noirs ou de
maghrébins dans un immeuble, un service ou au contact du public ».
La Cnil a dit
«son étonnement»
La Cnil a exprimé
« son plus vif étonnement face à des accusations infondées ». Elle
rappelle que depuis qu'elle a des pouvoirs de contrôle renforcés et un pouvoir
de sanction (2004), elle « n'a jamais hésité à en faire usage, notamment
dans le cadre de plaintes transmises par SOS Racisme ».
Le rapport de SOS Racisme a été remis hier à Patrick Karam, délégué
interministériel à l'égalité des chances des Français d'Outre-mer, qui a
mandaté il y a un an l'association pour rechercher et accompagner les victimes
de fichage à caractère ethnique, racial ou géographique.
Dans ce rapport, sont cités 5 offices HLM et une dizaine d'entreprises.
Deux dossiers ont donné lieu à des condamnations définitives.
L'Opac de Saint-Etienne (février 2009) et le cabinet de recrutement
d'hôtesses et d'agents de vente Daytona (juin 2009 en appel) ont été condamnés
pour avoir constitué des fichiers avec des catégories telles que
« européen blanc », « maghrébin » ou « africain et
Dom-Tom ».
Le rapport épingle aussi Air France pour des fichiers d'hôtesses mentionnant
par exemple les types africain, indien ou méditerranéen. La Cnil a enquêté et
établi que les hôtesses avaient donné leur consentement. Air France a néanmoins
supprimé ces données.
SOS Racisme a aussi engagé plusieurs procédures contre Euro Disney après
la découverte sur son site de recrutement d'une case « pays » qui
outre la France, peut être la Guadeloupe, la Martinique, la Réunion, la
Polynésie française, la Guyane et la Nouvelle Calédonie, ce qu'a aussi constaté
une journaliste de l'AFP. L'association dénonce également une classification
des salariés dans le bilan social 2007 (Afrique hors Maghreb, Afrique Maghreb,
Antilles, Europe (Ouest)).
Hier un huissier, mandaté par le tribunal de Meaux à la demande de SOS
Racisme, est allé demander des fichiers à Euro Disney. La direction a déclaré
« n'avoir rien à cacher » et évoqué une « campagne médiatique
déplorable » quand « on connaît (leur) engagement en faveur de la
diversité ». Selon elle, 24% de ses salariés sont étrangers, dont 36% hors
Union européenne.
Interrogé sur ce dossier Patrick Karam, a répondu : « En tant
que Guadeloupéen, je n'accepte pas qu'Euro Disney recrute des Français d'un
côté, des Martiniquais ou des Guadeloupéens d'un autre ». Et pour celui
qui doit remettre des préconisations à Nicolas Sarkozy, « l'arsenal
judiciaire est suffisant, ce qui manque c'est la volonté ».
Édition du Jeu 5 nov. 2009
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