Immobiler : prison requise
contre une gérante
NOUVELOBS.COM
| 05.07.05 | 10:50
Le
procureur a requis 8.000 euros d'amende et huit mois de prison avec sursis
contre la gérante d'une agence immobilère soupçonnée de discrimination.
L e procès de la gérante
d'une agence immobilière, accusée d'avoir pratiqué une discrimination réclamée
par des propriétaires ne voulant pas louer à des étrangers ou supposés tels,
s'est déroulé lundi 4 juillet devant le tribunal correctionnel de Toulouse.
Le ministère public a requis 8.000 euros d'amende, huit mois de prison avec
sursis, la fermeture administrative durant quelques mois de l'agence Sud
Location, la publication du jugement dans des journaux ainsi que l'interdiction
de droits civiques pour Réjane Massaré, la gérante.
Le tribunal a mis le jugement en délibéré et rendra son verdict le 3 août
prochain.
Au cours du procès, Réjane Massaré n'a exprimé aucun regret par rapport au
système de discrimination raciale mis en place depuis 2000 à la demande des
propriétaires. Elle mentionnait "PE" (pas d'étrangers) sur les fiches
de ceux qui ne souhaitaient pas louer leur appartement à des personnes issues
notamment du Maghreb et d'Afrique noire.
Une seule audition
C'est une ancienne salariée de Sud Location qui avait prévenu SOS Racisme. Au
printemps 2003, une plainte avait alors été déposée par l'association
antiraciste.
Réjane Massaré avait reconnu les faits et avait même donné la liste détaillée
des 250 propriétaires donneurs d'ordre de discrimination avec leur identité,
adresse et téléphone.
SOS Racisme souhaitait qu'en plus de la gérante de l'agence, des poursuites
soient engagées contre chacun de ceux ayant demandé à l'agence d'opérer une
discrimination. Mais la police ayant refusé de les auditionner, le procureur a
décidé de ne poursuivre et de ne faire juger que la gérante de Sud Location.
Surprise et déçue
"Demain, ce sera aux propriétaires de rendre des comptes à la
justice", a déclaré le vice-président de SOS Racisme, Samuel Thomas.
"La police connaît leurs noms et leurs adresses mais n'a pas souhaité
faire son travail en les entendant, ce que je condamne fermement" a-t-il
ajouté. "Je regrette amèrement que les propriétaires ne soient pas
présents dans le box des accusés car leur comportement est inadmissible".
Me Eric Dardenne, avocat de Réjane Massaré, a fermement récusé les accusations
visant sa cliente qui "n'a fait qu'appliquer les consignes des
propriétaires qui lui ont donné un mandat".
Elle "est surprise et déçue de se trouver là, car elle est convaincue
d'avoir aidé ces gens en ne les envoyant pas vers des propriétaires qui
auraient trouvé n'importe quelle excuse pour ne pas louer leurs biens",
a-t-il ajouté en indiquant qu'il plaiderait la relaxe. AP
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