
Mercredi 04 Juin 2003
SOS-Racisme s'attaque aux discriminations raciales dans le
logement privé
PARIS
(AFP), le 04-06-2003
L'association SOS-Racisme s'attaque aux discriminations raciales
dans le secteur du logement privé en annonçant avoir déposé plainte, sur la
foi de "testings", contre une trentaine d'agences immobilières ou
de propriétaires privés.
SOS-Racisme a déjà épinglé ces derniers mois un certain nombre d'offices HLM
pour usage de critères ethniques dans leurs outils de répartition des
populations.
Elle poursuit sur sa lancée avec une nouvelle plainte, déposée le 1er avril
2003, contre l'OPHLM de Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne) pour discrimination à
l'encontre des étrangers et Français d'Outre-Mer, avec fichage ethnique.
Mais "les gens se plaignent plus facilement d'injustice lorsqu'ils sont
victimes de discriminations dans le secteur public. En revanche, quand ils se
voient refuser un logement privé, ils parlent de fatalité", a déclaré à
l'AFP Samuel Thomas, vice-président de SOS-Racisme.
Or, refuser la location d'un logement en raison de l'origine, du patronyme ou
de l'apparence physique est un délit, rappelle SOS-Racisme.
La moitié des plaintes déposés ces derniers mois auprès des tribunaux par
SOS-Racisme s'appuient sur des testings, méthode qui a fait ses preuves dans
les cas de discriminations à l'embauche ou à l'entrée des boîtes de nuit.
Cela a été le cas notamment à l'encontre d'agences immobilières Mil'Im dans
dix villes de province. SOS-Racisme avait été alerté par le témoignage d'une
ancienne salariée de l'agence de Lyon, qui indiquait, début 2000, que des
codes et annotations apparaissaient sur les listes de propositions offertes
aux demandeurs de logements.
SOS-Racisme a organisé des testings dans chacune des agences, envoyant deux
demandeurs de logement au profil identique et d'origine différente. Dans
toutes les agences, précise l'association, le demandeur d'origine
extra-européenne a obtenu moins de propositions que l'autre.
Interrogée par l'AFP, Martine Blondinet, responsable commerciale de l'agence
de Lyon, dément toute discrimination et affirme que "le seul critère de
sélection est la solvabilité du client".
D'autres agences ont été épinglées par testing téléphonique, comme à
Courbevoie.
Des plaintes ont été déposées aussi contre un administrateur de biens
parisien qui exigeait un "garant de nationalité française", ou
contre un cabinet immobilier de Clermont-Ferrand dont une salariée témoignait
avoir reçu l'ordre de discriminer les personnes "noires" ou
"voilées".
Mais les discriminations peuvent être plus pernicieuses, affirme Samuel
Thomas: "on agit par persuasion, avec des arguments dissuadant de
réclamer tel ou tel appartement. Il est difficile pour le demandeur de
déceler la discrimination".
Alors que les poursuites pénales lancées par SOS-Racisme dans le secteur HLM
"ont toutes été classées parce que les procureurs n'osent pas s'attaquer
aux élus locaux qui dirigent les offices HLM", affirme Samuel Thomas,
"les plaintes déjà déposées dans le privé ont abouti", comme à
Compiègne (Oise), Dijon, Paris, Toulouse et Lille.
Les condamnations ont chaque fois été légères, dit-il, mais "la
mobilisation générale des victimes et des témoins, et les poursuites pénales,
peuvent seules aboutir à une prise de conscience des propriétaires et un
changement de pratique".
"Il faut que les agences et les propriétaires pensent que, derrière
chaque demandeur de logement, il peut y avoir une personne qui fait un
testing", dit-il.
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