Des CV tombés dans les oubliettes Même si des expérimentations ont été menées, le CV anonyme est tombé dans les oubliettes faute de décret d'application et de soutien syndical et patronal. Il faut dire que la réforme a du mal à convaincre les milieux professionnels. Aux Pays-Bas, en Suède et en Suisse, des expériences de CV anonymes ont été réalisées localement, mais leurs résultats n'ont pas été jugés suffisamment concluants pour que la législation soit modifiée. En France, une étude réalisée par des experts du Centre de recherche en économie et statistique en collaboration avec Pôle emploi avait même avancé, en 2011, que le CV anonyme non seulement n'avantage pas mais « pénalise » les personnes issues de l'immigration ou résidant dans les zones sensibles. Avec les CV nominatifs, ces derniers ont une chance sur dix d'obtenir un entretien contre une sur huit pour les autres candidats. Mais lorsque leur CV est anonyme, ils n'ont plus qu'une chance sur 22 contre une chance sur six. Une étude de 2011, a avancé que le CV anonyme « pénalise » les personnes issues de l'immigration ou résidant dans les zones sensibles. Photo : PHILIPPE TURPIN/BENELUXPIX/MAXPPP Une promesse de François Hollande Les syndicats étudiants et associations qui luttent pour l'intégration restent toutefois profondément attachés au dispositif. « L'équipe de François Hollande nous avait promis, pendant la campagne présidentielle, qu'il mettrait en œuvre le CV anonyme », a expliqué à l'AFP Samuel Thomas, président de la Maison des Potes. « Mais depuis qu'ils sont arrivés au pouvoir, c'est un dialogue de sourds. On utilise donc la manière forte ». Pour ce militant antiraciste, « il faut que l'identité du candidat, son âge, son sexe, son origine ne soient connus qu'à l'étape ultime du recrutement pour que ces gens puissent faire valoir que leurs compétences sont plus importantes que les préjugés ». « Il n'est pas normal que des lois votées au Parlement ne soient pas appliquées ensuite par le pouvoir politique », renchérit David Van der Vlist, estimant qu'« il y a une vraie volonté politique de ne pas l'appliquer ». Le précédent de la loi littoral En février, lors de la présentation de sa « feuille de route » pour l'intégration des immigrés et la lutte contre les discriminations, le gouvernement a demandé aux partenaires sociaux de discuter des CV lors de la prochaine conférence sociale. Ce n'est pas la première fois que la haute juridiction placerait ainsi l'exécutif face à ses responsabilités. En 2000, saisi par l'association France Nature Environnement, le Conseil d'état avait demandé au chef du gouvernement de prendre les décrets prévus par la loi de 1986 sur la protection du littoral. Il rappelait alors « l'obligation de prendre dans un délai raisonnable les mesures qu'implique nécessairement l'application de la loi
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Jeudi, 17 Juillet, 2014
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