
Le plus souvent, la discrimination est constatée avant même que les employeurs ne se soient donné la peine de recevoir les deux testeurs. Formes sournoises Le BIT livre un petit florilège des discriminations, allant du mensonge basique («le poste est déjà pourvu ») à la réponse embrouillée («rappelez-moi en fin de semaine, on est quel jour ? On est vendredi… Euh oui donc, rappelez moi la semaine prochaine pour voir s’il y a du changement. »). L’enquête pointe aussi « une forme assez sournoise de discrimination » consistant à mettre en attente le candidat discriminé, alors que le candidat majoritaire reçoit une proposition d’entretien. Au final, lorsque les employeurs ont le choix, « près de quatre fois sur cinq » ils favorisent le candidat majoritaire, baptisé pour l’expérience Julien Roche ou Émilie Moulin notamment. Dans l’enquête, tous les vrais faux candidats étaient Français. Ils avaient tous un CV rigoureusement équivalent en termes de scolarité, formation, qualifications, expérience, mobilité, résidence. Les candidats discriminés se distinguaient uniquement par un nom et un prénom à consonance maghrébine ou noire africaine, Kader Larbi, Aminata Bongo… 2440 offres d’emploi ont été passées au crible à Lille, Lyon, Marseille, Nantes, Paris et Strasbourg, le BIT ayant recours à des étudiants ou des comédiens de 20 à 25 ans, formés pour l’exercice. Ils ont répondu à des offres dans divers secteurs : hôtellerie-restauration, vente, commerce, services à la personne, transports, accueil, etc. Mais « la discrimination est un phénomène assez généralisé en Europe et les résultats pour la France ne diffèrent pas beaucoup », a souligné Patrick Taran, coordinateur du testing au BIT. Le vice-président de SOS Racisme, Samuel Thomas, a regretté que cette enquête ne soit pas utilisée pour poursuivre les employeurs incriminés. ■
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