Selon un sondage publié ce matin par la Fédération nationale des Maisons des potes, les Français réclament des mesures plus ambitieuses et sévères contre ce fléau.
Attentats islamistes à répétition, crise des réfugiés, poids du FN à l’élection présidentielle… L’actualité de ces derniers mois aurait pu faire redouter une montée de la xénophobie et du racisme. Un sondage, publié ce matin par la Fédération nationale des Maisons des potes (1), se veut plutôt rassurant. Loin d’être indifférents aux questions de discrimination, les Français estiment, au contraire, que les pouvoirs publics ne luttent pas suffisamment contre ce fléau et réclament de nouvelles mesures plus sévères. « On constate un décalage flagrant entre les aspirations des personnes interrogées et la réalité du quotidien », résume Samuel Thomas, délégué général des Maisons des potes, qui effectue cette enquête depuis plusieurs années.
L’enquête montre ainsi que 83 % des Français souhaitent des sanctions juridiques renforcées contre les employeurs coupables de discriminations liées à l’origine, la nationalité, la couleur de peau ou la religion. Un chiffre en hausse de trois points par rapport à 2015. « Or, la réalité, c’est que la chaîne judiciaire – des policiers aux magistrats – minimise trop souvent ces faits et les classe sans suite trop facilement. Il n’y a quasiment aucun procès pour des faits de discrimination alors que tout le monde reconnaît que c’est quelque chose d’extrêmement courant. »
« Certaines thématiques ne sont plus portées par le pouvoir actuel »
Même paradoxe sur la discrimination sociale. Les Français sont largement d’accord (82 %) pour qu’une même rémunération et une même retraite soient accordées à toutes personne travaillant dans notre pays, quelle que soit sa nationalité. « Mais ce n’est pas du tout le cas dans de nombreux secteurs, comme le bâtiment ou encore l’hôtellerie-restauration », note Samuel Thomas, qui cite également le cas de la SNCF, condamnée en première instance pour discrimination envers des centaines de cheminots marocains, embauchés avec un sous-statut rognant leurs droits à la retraite. Autre mesure largement partagée : l’idée d’instaurer un CV anonyme recueille 73 % d’approbation.
Les Français se montrent, en revanche, plus divisés sur l’accès à de nouveaux droits pour les étrangers. Ils sont 56 % à être favorables à une régularisation des travailleurs sans titre de séjour qui disposent d’un contrat de travail. Un chiffre stable. Tout comme celui sur le droit de vote des étrangers non européens aux élections municipales et européennes (47 %), au même niveau que l’année précédente. « Ces thématiques ne sont plus portées par la majorité au pouvoir et cela s’en ressent, il y a une sorte de démobilisation », explique Samuel Thomas. Au début du mandat de François Hollande, la revendication du droit de vote des étrangers dépassait les 55 % d’opinions favorables. L’abandon en cours de route de cette promesse de campagne, également absente du programme d’Emmanuel Macron, n’aide pas à la populariser. « Il y a besoin de montrer que, dans tous les pays où cette mesure a été mise en place – Espagne, Irlande ou encore Pays-Bas –, elle n’a jamais été remise en cause et la démocratie ne s’en porte que mieux. Idem sur la régularisation des travailleurs sans papiers. »
La Fédération des Maisons des potes, qui organise jusqu’à samedi des universités européennes contre le racisme et les discriminations (2), compte interpeller le gouvernement sur tous ces points. Le 18 avril dernier, le candidat Macron s’était prononcé pour davantage de sanctions contre les entreprises qui discriminent et pour l’ouverture des emplois de fonctionnaires aux non-Européens. « On attend encore de voir s’il va tenir parole », glisse Samuel Thomas.